Saint Seiya Le Chapitre Céleste: Ouverture

Saint Seiya Le Chapitre Céleste: Ouverture

Saint Seiya film 5

Réalisation: Shigeyasu Yamauchi

 

Un mois s’est écoulé depuis la victoire contre Hadès.

Seiya est cloué depuis sur un fauteuil roulant, devenu hémiplégique avec Saori qui veille sur lui.

Tout d’un coup, le jeune homme est attaqué et assailli par des guerriers mystérieux, et malgré son état, il parvient à esquiver la plupart de leurs coups.

Ils sont envoyés par Artemis qui souhaite anéantir l’humanité. Saori/Athéna s’oppose à cela et soumet une requête à sa soeur: elle accepte de la suivre, à condition qu’elle épargne Seiya ainsi que les humains, ce qu’elle accepte.

Seiya se réveille alors, ne pouvant se résoudre à vivre sans Saori et suit l’élue de son coeur. Il est loin de se douter des embûches auquel il devra faire face…

 J’ai revu récemment le cinquième film de Saint Seiya ( Les Chevaliers du Zodiaque ) que j’avais découvert pour la première fois en 2007.
Il se déroule chronologiquement après le tome 28 du manga qui est le dernier de la série
Je l’avais beaucoup aimé à l’époque, tout en étant un peu déconcerté par son ton.

Néanmoins, après l’avoir redécouvert en 2017 sur la chaîne Mangas puis plus récemment en Blu-Ray, Je me suis pris une vraie claque et il s’est avéré être encore meilleur que dans mes souvenirs.

Tout d’abord, il est visuellement magnifique: Shingo Araki et Michi Himeno sont au sommet de leur art (c’est le plus beau des cinq films avec Les Guerriers d’Abel ) et leur character design est somptueux, c’est un éblouissement pour les yeux. L’animation est excellente, très fluide, particulièrement efficace lors des combats. Ceux-ci sont d’ailleurs fascinants, tant on a la sensation d’assister à des ballets d’opéra avec des chevaliers paraissant en apesanteur, sans que cela sonne faux ou paraisse grotesque, loin sans faut.

Les musiques de Seiji Yokoyama sont comme à l’accoutumée extraordinaires et collent parfaitement au récit.

Enfin, les décors sont incroyablement beaux, d’une grande profondeur et fourmillent de détails tant ils sont d’une richesse inouïe.

Ce long métrage est considéré un peu comme un OVNI au sein de la saga animé, tant par ses fans que par ses détracteurs.

Il est très onirique, contemplatif, poétique et véritablement ensorcelant et envoûtant.

On a la sensation d’errer dans un rêve aux côtés de notre héros.

Seiya a un traitement résolument original: il y est hagard, désorienté, s’interrogeant sur ce qui l’entoure…

Il est toutefois déterminé plus que jamais à rejoindre l’élue de son coeur, prêt à tout pour la sauver et être auprès d’elle pour toujours.

Saori/Athéna est très impressionnante: on sent bien au début de l’intrigue sa volonté inflexible à protéger les humains et ne se laisse nullement intimider par ses pairs et fait preuve de beaucoup d’assurance, elle donne réellement la sensation d’agir comme une déesse.

Si Shiryû et Hyôga sont hélas sous exploités, ce n’est heureusement pas le cas de Shun et Ikki qui ont l’occasion de briller face à un ennemi d’envergure.

C’est l’unique film où le brave Shun n’est pas le bouffon de service, destiné uniquement à servir d’appât tendu par Phénix, non, il y est valeureux et c’est formidable de voir les deux frères combattre côte à côte.

Le film suscite aussi certaines questions et réflexions telles que le sens de la vie et de la mort ou encore de la place des Dieux dans la Civilisation actuelle, devons nous les servir, ou au contraire doivent ils servir les humains et être à l’écoute de leurs “sujets” ?

De plus, si on excepte Abel, jamais l’amour de Seiya envers Saori n’aura été aussi palpable qu’ici, leurs retrouvailles étant particulièrement émouvantes.

Parmi les protagonistes inventés spécifiquement pour ce film, Tôma/Icare, le plus puissant chevalier d’Artemis est très intéressant et fort bien développé et caractérisé. On apprend les raisons qui l’ont poussé à rejoindre les Dieux, éprouvait il une envie franche d’être à leurs côtés, ou fuyait il son humanité ?

Marine joue aussi un rôle clé au sein du récit et ses interactions avec Seiya comme Tôma sont très crédibles.

Ce film a divisé les avis auprès de la communauté des fans de Saint Seiya mais pour ma part, c’est, avec Asgard, mon film favori de la saga.

Il est à Saint Seiya ce que Urusei Yatsura: Beautiful Dreamer est à Lamu ou encore ce que Le Château de Cagliostro est à Lupin III: la réappropriation personnelle d’un grand réalisateur qui nous livre sa vision de l’univers qu’il adapte.

Et Yamaguchi via ce film annonce les prémices de son futur chef d’oeuvre: Casshern Sins (je ne remercierai jamais assez Veggie11 et Arachnée de m’avoir donné envie de découvrir cette perle).

Masami Kurumada le créateur et l’auteur de Saint Seiya n’a par ailleurs guère apprécié le film, les requêtes qu’il a soumise au réalisateur n’ayant pas été prises en compte et il fut déçu que ce long métrage ait un ton si éloigné de son oeuvre majeure.

 Pour ce qui est du doublage français, il est de très grande qualité.

Eric Legrand est tout bonnement sensationnel dans le rôle de Seiya, tantôt énergique et tonitruant lors des scènes de combats, tantôt bouleversant et émouvant dans les moments plus doux et intimistes.

Virginie Ledieu est absolument divine et impériale dans le rôle de Saori/Athéna.

Elle insuffle beaucoup d’assurance au personnage lors de sa confrontation face à sa soeur et est particulièrement impressionnante lors des moments “autoritaires” de celle-ci… Et dans les passages calmes, elle est extrêmement touchante et arrive parfaitement à exprimer la sensibilité de la jeune femme, sans jamais surjouer, et ce tout en finesse.

Certainement l’une de ses plus belles performances sur Athéna. Elle est tout aussi excellente sur Marine.

Enfin, c’est un bonheur de réentendre Laurence Crouzet dont la voix n’a pas changé d’un iota et elle interprète toujours avec autant d’énergie Shina/Shaina.

La plupart des autres comédien(ne)s sont très bon(ne)s, mention spéciale à Stéphane Ronchewski (voix française de Heath Ledger/Le Joker dans The Dark Knight) brillant dans le rôle de Tôma ainsi qu’à Thierry Desroses (voix française de Samuel L. Jackson) qui livre des prestations remarquables dans les rôles de Apollon et Thésée.

L’adaptation française n’est pas en reste. Si les 13 premières OAVs souffraient d’un langage trop pompeux et les OAVs suivantes avaient au contraires des dialogues trop banals et plats, ici, il n’en est rien. Didier Duclos responsable de l’adaptation française a accompli un travail d’orfèvre.

Dans plusieurs dialogues, les protagonistes s’expriment dans un langage châtié incroyablement naturel et rappelant avec bonheur les épisodes de la série TV adaptés avec brio par Jean-Yves Jaudeau (le meilleur traducteur de la série animée).

Une version française de qualité donc, faisant honneur à ce fabuleux long métrage.

Au sujet de la version originale japonaise, ce cinquième film de Saint Seiya a été la dernière adaptation animée de la saga où on retrouve le casting des seiyuu d’origine depuis la série animée culte de 1986.

Suite à l’échec commercial retentissant du film sorti en février 2004 au cinéma (qui a été balayé au box office japonais par Le Seigneur des Anneaux: le Retour du Roi de Peter Jackson), La Toei Animation a saisi ce prétexte pour licencier tous les seiyuu et les remplacer par des plus jeunes comédien(ne)s dans les OAVs suivantes adaptant la suite et la fin de la saga de Hadès…

La Toei voulait même changer tout le casting depuis le début de la production des premières OAVs afin de pouvoir toucher de nouveaux fans, mais Shigeyasu Yamauchi s’y est catégoriquement opposé, c’est lui qui avait permis aux seiyuu d’origine de conserver leurs rôles cultes sur les 13 premiers épisodes.

A noter que si Shiryû a un si petit rôle dans le film, c’est pour une raison à la fois compréhensible et bien triste: Hirotaka Suzuoki l’interprète du valeureux chevalier du Dragon souffrait d’un cancer très grave qui allait hélas l’emporter en 2006, et Shigeyasu Yamauchi a voulu ménager la santé de l’acteur.

Il faut savoir aussi que, galvanisé par le succès critique et commercial des 13 premières OAVs de Saint Seiya Hadès , la Toei Animation voulait surfer sur l’engouement des fans en proposant très rapidement aux fans une suite du manga (alors que l’adaptation animée de la saga Hadès couvrant les tomes 19 et 28 n’avait pas encore été adaptée dans son intégralité !).

Cependant, l’échec au box office de Saint Seiya Le Chapitre Céleste: Ouverture tua dans l’oeuf le projet de produire deux autres films d’animation poursuivant et concluant la saga de Apollon…

Ce long métrage a été non seulement le dernier animé où on retrouvait les formidables seiyuu historiques des personnages, mais c’est aussi la dernière oeuvre de la saga à avoir été réalisé par Shigeyasu Yamauchi ainsi que l’antépénultième animé de Saint Seiya sur lequel les characters designers Shingo Araki et Michi Himeno travaillèrent ainsi que le légendaire compositeur Seiji Yokoyama, conférant à ce film une aura particulière…

Au sujet de la France, il nous est parvenu très tardivement: il a été diffusé pour la première fois sur la chaîne Mangas en janvier 2017.

Bien que Saint Seiya Le Chapitre Céleste: ouverture  (Saint Seiya Tenkai Hen )  ne fasse pas l’unanimité auprès des fans, il demeure personnellement l’un de mes films favoris de la saga. Sa réalisation technique de haute volée, son design magnifique, son animation flamboyante ainsi que son atmosphère à la fois poétique, mélancolique et philosophique ont été un véritable coup de coeur pour moi…

Saint Seiya Le Chapitre Céleste: Ouverture est disponible dans deux éditions physiques distinctes chez l’éditeur AB: un coffret DVD et un coffret Blu-Ray  où il est réuni avec les quatre premiers films d’animation: La Légende de la Pomme d’Or (Eris), La Bataille des Dieux (Asgard), Les Guerriers d’Abel et Le Temple de Lucifer. Chacune de ces deux éditions proposent VF et VOSTFR.

Cette Chronique est dédiée à ma soeur bien aimée.

 

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