Critique de City Hunter/Nicky Larson le chef d’oeuvre de Tsukasa Hôjô

Critique de City Hunter/Nicky Larson le chef d’oeuvre de Tsukasa Hôjô

Ryô Saeba est un nettoyeur. Son travail mêle plusieurs activités différentes: il peut être engagé par ses client(e)s aussi bien pour être garde du corps, détective privé ou, plus rarement, tueur à gages.
Il est le meilleur de sa profession (seul au Japon Hayato Ijuin/Falcon peut rivaliser avec lui dans ce domaine) et est très craint dans le milieu.


Son ami et partenaire est Hideyuki Makimura qui fut jadis un ancien inspecteur de police, c’est lui qui est chargé de rencontrer les client(e)s et s’assurer si leurs requêtes sont intéressantes ou non.

Hélas un jour, l’infortuné Makimura est assassiné par l’Union Teope, un redoutable cartel de trafiquants de drogue parce que notre tandem a refusé de travailler pour eux. L’Union Teope a également mit au point la poussière d’ange, une drogue dévastatrice qui insuffle une force prodigieuse à leurs victimes mais qui leur fait perdre également leur conscience et leur humanité.

 

Ryô décime sans pitié la plupart des leaders de cette organisation pour venger la mort de son ami.


Shin Kaibara, le chef suprême de l’Union Teope décide alors de laisser en paix City Hunter pendant quelques temps, le temps que l’organisation panse ses plaies, toutefois, quand le moment sera venu, il est bien déterminé à s’en prendre à nouveau au nettoyeur.

Depuis la mort de Makimura, Ryô a pris sous son aile sa jeune sœur adoptive Kaori qui est devenue sa nouvelle partenaire.

City Hunter est sans l’ombre d’un doute la série la plus célèbre et la plus populaire de Tsukasa Hôjô.
Si Cat’s Eye fut le titre qui l’a révélé, c’est City Hunter qui a consacré mondialement cet artiste de génie.

C’est également au cours de cette œuvre que le dessinateur a forgé son style graphique qui lui a permis (entre autres) d’être tant plébiscité par son lectorat à juste titre.

Son trait s’est affiné, embelli au fil de la série, il est devenu de plus en plus splendide et réellement magnifique, ses planches les plus abouties de City Hunter sont un pur ravissement pour les yeux.

Hôjô est également l’un des rares mangakas de sa profession à avoir un trait très réaliste, même si certains  de ses collègues comme Buichi Terasawa (Cobra), Ryoichi Ikegami (Crying Freeman) et Takehiko Inoue ( Slam Dunk, Vagabond )  ont également un trait d’un réalisme saisissant (D’ailleurs, Inoue fut un ancien assistant de Hôjô).

Tsukasa Hôjô dessine aussi les plus belles femmes de l’histoire de la bande dessinée japonaise (ex-æquo avec Buichi Terasawa), tant celles ci sont sont sensuelles et envoûtantes.


À ce propos, il a su faire se dégager de Kaori une beauté et un charme absolument magnifiques, celle-ci devenant de plus en plus sublime au fur et à mesure de la série.

Cependant, l’une des particularités du dessin de Hôjô, c’est qu’il n’hésite pas à employer un trait beaucoup plus simple et caricatural lors de passages comiques, ce qui accentue l’humour de ces situations et les rend encore plus hilarantes.

Qui n’a pas été mort de rire quand Ryô passe d’un visage grave et sérieux à celui d’un rigolard lubrique (et réciproquement) ?

Oui car si Ryô est un nettoyeur hors pair, c’est également un coureur de jupons invétéré et un gros obsédé sexuel qui devient littéralement fou quand il rencontre une créature de rêve.
C’est pour cela que la plupart de ses clients sont des clientes.
Heureusement Kaori, qui est très jalouse et susceptible veille au grain et assomme toujours notre joyeux pervers avec des marteaux gigantesques pour tempérer ses ardeurs sexuelles.

Bien entendu, la plupart du temps, cela horrifie au premier abord ses clientes qui pensent qu’il n’est qu’un irrécupérable obsédé.

Néanmoins, elles découvrent rapidement qu’il ne s’agit que d’une façade et se rendent compte que derrière ses pitreries, Ryô est un homme sensible, doux, compréhensif et très gentil. Il sait être à l’écoute de celles ci et s’efforce au maximum de les aider par la suite à prendre un nouveau départ dans la vie.

Il est également très intelligent et perspicace et décèle des indices passés inaperçus aux yeux de son entourage lui permettant de faire progresser ses enquêtes.
Enfin, il est très débrouillard et plein de ressources.
Beaucoup d’entre elles succomberont à son charme… Y compris notre chère Kaori !

Oui, car contrairement à ce qu’elle clame face à beaucoup de personnes, Kaori est éperdument amoureuse de Ryô (ce qui est réciproque) et espère que celui ci répondra à ses sentiments.

Notre héros tombera lui aussi amoureux de sa partenaire mais préfère le cacher, d’une part en raison de sa timidité, d’autre part parce qu’il craint que ses pires ennemis ne prennent davantage sa coéquipière pour cible (ce qui arrive déjà souvent en temps normal).

En dépit du fait qu’elle se fasse souvent capturer, Kaori n’est pas du tout une potiche: Tout au long de l’histoire, nous la voyons petit à petit progresser en tant que nettoyeuse. Ainsi, lors d’une aventure, elle arrive à protéger une de ses clientes Miyuki et elle parvient à neutraliser le cartel de trafiquants de drogue qui cherchait à les abattre sans l’aide de Ryô !

Ce dernier arrivé une fois n’est pas coutume après la bataille n’a pas manqué de la féliciter.
Elle devient aussi une bonne enquêtrice, puisque dans une autre histoire, elle cherche à découvrir l’individu mystérieux qui cherche à tuer Mayuko Uragami (une petite aveugle devenue son amie) et elle arrive à identifier le coupable.

C’est vraiment un personnage attachant: elle est soupe au lait, gaffeuse et maladroite mais elle peut se montrer très efficace et c’est aussi une jeune femme douce, gentille et altruiste. Elle a un cœur d’or et est adorable.

Nos deux protagonistes principaux évolueront énormément au cours de la série et ne restent pas figés loin de là même.
On perçoit une véritable alchimie entre eux deux, leurs interactions donneront lieu à des passages humoristiques cocasses mais aussi à des moments incroyablement touchants…

Le manga regorge également de romantisme, l’histoire d’amour entre Ryô et Kaori est magnifique et ne sombre à aucun moment dans les écueils de la guimauve et de la mièvrerie.

Il y a également d’autres personnages majeurs qui seront introduits dans l’intrigue.


Nous ferons le connaissance de Hayato Ijuin alias Falcon, un nettoyeur qui est une véritable armoire à glace et est doté d’une carrure impressionnante. C’est avec Saeba, le nettoyeur le plus dangereux du Japon. Il est cependant d’une nature très timide (notamment envers les femmes) et il a une peur panique des chats qui lui font perdre tous ses moyens.
Malgré son tempérament bourru, il est bien plus sensible qu’il n’y paraît et c’est un ami fiable sur qui Ryô peut compter. Ryô l’a d’ailleurs affublé du surnom de Umibozû (Mammouth dans la version française de l’adaptation animée).


Plus tard dans l’intrigue, une dénommée Miki amoureuse de longue date de Hayato se fiancera avec lui. Elle deviendra également la meilleure amie et la confidente de Kaori à qui elle saura souvent prodiguer de sages conseils. C’est également une combattante d’élite et qui a des talents d’hypnose !

On rencontrera aussi Saeko Nogami, une sulfureuse inspectrice de police qui est une vieille connaissance de Ryô.
Elle est très manipulatrice et joue souvent de ses charmes pour enjôler les hommes pour mieux les mener par le bout du nez ou bien les neutraliser quand il s’agit de bandits notoires.
Elle a également la fâcheuse tendance à ne pas payer Ryô et Kaori pour leur travail, que ce soit en monnaie sonnante et trébuchante ou en “nature”.
Toutefois, malgré tout, elle tient beaucoup à eux deux et peut être une alliée très efficace.

Au sujet de l’histoire, si celle ci peut sembler à première vue répétitive (la quasi totalité des clients de City Hunter sont des femmes) toutefois, la diversité des thèmes traités par l’auteur tels que celui du cinéma, des cascadeurs, de la mode, de la danse, du journalisme, de l’art… apportent une certaine variété à l’histoire. De plus, on sent bien que Hôjô à fait des recherches spécifiques sur chaque métier afin de mieux en dépeindre qui les caractérise avec le plus de justesse possible.

La série ne fera que monter en puissance au fil des volumes et, si les 19 premiers tomes sont excellents, les tomes 20 à 36 sont sensationnels: les récits y mêlent habilement l’humour, l’action, l’aventure, le drame et les sentiments et sont riches en révélations sur le passé de nos deux héros.

À mes yeux, City Hunter est la série la plus aboutie de Tsukasa Hôjô: c’est la plus intense, la plus complète, la plus drôle, la plus passionnante et la plus émouvante.
Elle ne s’est jamais essoufflé à aucun moment et s’est constamment améliorée.
De plus, plusieurs sujets qu’il a traité dans City Hunter seront repris avec maestria dans ses séries ultérieures comme le magnifique Sous un Rayon de Soleil ou encore le fabuleux Family Compo.

La série à d’abord été publiée chez l’éditeur J’ai Lu en 36 tomes de 1996 à 1999, mais cette édition est difficilement trouvable de nos jours.

Elle a ensuite été rééditée en 32 tomes dans une édition de luxe chez Panini de 2005 à 2010, puis depuis septembre 2022 dans une perfect édition constituée de 16 volumes, toujours chez ce même éditeur .

Certes, la série est longue, cependant elle vaut largement le détour: c’est l’une des œuvres majeures des années 80 et elle est vraiment indispensable.
De plus, City Hunter n’a pas vieilli du tout et pourrait en remontrer à bien des shonen actuels.
C’est un authentique chef d’oeuvre intemporel et indémodable. 😃

City Hunter a également donné lieu à de nombreuses adaptations animées: quatre séries télévisées animées (connues par tous sous le nom de Nicky Larson qui a été l’un des hits de l’émission “Le Club Dorothée”), quatre films (dont un cinquième qui sortira au Japon en septembre 2023) et trois téléfilms.

Ces adaptations animées sont globalement intéressantes  mais elles ne valent toutefois pas le manga qui est beaucoup plus riche et prenant.
Soulignons toutefois que les musiques de ces animes sont remarquables, la BO de Tatsumi Yanno étant fabuleuse.
Les séries animées sont disponibles chez Beez et Kazé et les films et les téléfilms ont été édités par AK Vidéo, Déclic Images et Dybex.

Mais avant de vous plonger (ou replonger) dans l’animé, je ne saurai trop vous conseiller de jeter d’abord votre dévolu sur le manga de Tsukasa Hôjô  qui est et restera à jamais un pur joyau du 9e art !

Les illustrations sont tirées du site L’Univers de City Hunter de mon amie Julie Véchambre.

http://luniversdecityhunter.chez-alice.fr

7 thoughts on “Critique de City Hunter/Nicky Larson le chef d’oeuvre de Tsukasa Hôjô

  1. Voilà j’ai tout lu ^^ Ce fut passionnant et touchant à la fois tant on sent tout l’amour que tu as pour ce titre phare d’Hôjo ! Et comment ne pas le comprendre ? Le titre est multifonctionnel, riche et s’améliore tout au long des 36 tomes. Même si les histoires sont indépendantes, leur qualité donne envie d’avoir un jour la collection complète, là où d’autres séries tout aussi voire plus longues se suffisent sur quelquestomes.

    1. Merci Veggie11, je suis extrêmement content que mon article sur City Hunter t’ait plu ! 😀 Tu as tout dit, bien que City Hunter soit une série très longue, le soin accordé à la psychologie des personnages, la qualité des histoires et le fait qu’elles combinent avec maestria, humour, action, émotion et drame font de ce titre phare de Hôjô une oeuvre exceptionnelle et ô combien marquante 😀 .

  2. L’art le plus subtil de Hôjo est dans la manière dont il parvient à nous faire croire en l’existence de Ryô en tant que personne unique ; en effet ses actions de harcèlement sexuel (à la limite de la tentative de viol bien souvent) sont si contradictoires avec le second temps de chaque intrigue, où il révèle un chaste respect envers la mousmé (musume) de rigueur, qu’on ne devrait pas réussir à croire au personnage ! Et pourtant, bien que la sincérité de l’obsédé sexuel ne fasse pas le moindre doute (preuves visuelles d’entrejambes à l’appui !) on admet au final qu’il a pu sublimer cela… Narrativement, c’est fort.

  3. … Je suis sans doute influencé par l’air du temps, mais mon goût pour “City Hunter” a changé par rapport au temps où je le découvrais à la TV. Je n’apprécie plus guère Ryô, malgré la drôlerie du mokkori -fan et de ses échecs (souvent à cause du marteau de Kaori). C’est plutôt Kaori qui me plaît, et Saeko Nogami, et Falcon. Ainsi que l’art de Hojô de varier pour chaque cliente leur origine, leur contexte, finement étudié comme tu le remarques Xanatos ! Ceci dit, je n’ai jamais tenté de lire le manga, ayant vu de nombreux épisodes animés. Un jour peut-être…

    1. Ah personnellement mon cher Yannick, j’adorais Ryô quand je l’ai découvert en 1991 dans le Club Dorothée via la série animée “Nicky Larson” dans le Club Dorothée, je l’ai adoré encore plus via le manga original de Tsukasa Hôjô en 1998, et en 2023 je l’adore toujours autant et il demeure l’un de mes héros préférés. Son humour lubrique et ses blagues me font toujours autant rire, et j’admire toujours au plus haut point son caractère héroïque, courageux et sensible. De plus, contrairement à ce que pensent certains détracteurs de City Hunter, la série n’a rien de misogyne, c’est plutôt une caricature au vitriole des machos obsédés, l’Etalon de Shinjuku arrivant rarement à ses fins. De plus, comme je l’ai spécifié dans mon article, contrairement aux apparences, Ryô est loin d’être aussi obsédé qu’il veut bien le faire croire. Par exemple après que lui, Kaori et Saeko sont parvenus à démanteler un trafic faisant de la traite de femmes, l’inspectrice de charme était vraiment prête à honorer ses dettes envers Ryô et donc de “passer à l’acte”. On aurait pu croire que Ryô bondirait de joie et se réjouirait à la perspective de coucher avec elle: loin s’en faut ! On le voit angoisser, suer à grosses gouttes, ne sachant plus où se mettre… Et au moment fatidique… Il s’est planqué dans le placard à balais ! Saeko confie alors à Kaori qu’il y eut un triangle amoureux entre elle, Ryô et Makimura et elle les a aimé tous les deux, a hésité… et au moment où elle décida de déclarer sa flamme à Makimura… celui-ci fut tué par l’Union Teope. Depuis lors, selon ses propres propos, leurs “coeurs sont restés en suspens”. On découvre en fin de compte que Ryô ne veut pas “tromper” Makimura dans son dos (même si il était déjà décédé) et qu’il joue juste à ce “petit jeu” avec l’inspectrice de charme. Et dans d’autres histoires, même quand Kaori ou d’autres personnes ne sont pas là pour lui mettre des bâtons dans les roues, il fait exprès de “perdre”. Ainsi dans le tome 18, Ryô et sa cliente Ayako (la veuve d’un ancien chef Yakuza décédé d’une crise cardiaque) se sont rendus dans un endroit à la campagne afin de pouvoir peindre une toile avec son époux bien aimé dessus. Ils étaient seuls tous les deux, sans Kaori et les nombreux hommes de mains de Ayako. A un moment donné Ryô était très content à l’idée de “batifoler” avec sa cliente, il a voulu lui proposer faire une partie de “jambes en l’air”… Mais il s’est stoppé net quand il a vu le visage extrêmement triste mais néanmoins concentré de Ayako qui semblait non seulement être “en communion” avec la nature environnante mais sembler parler à son mari disparu. Très ému de la voir ainsi, il décida alors de se prélasser et de la laisser tranquille… Avant de repérer des bandits cherchant à leur nuire et il décida de les neutraliser discrètement pour ne pas gêner sa cliente qui continuait à peindre. Quelques tomes plus tôt, dans les tomes 15 et 16, Ryô et Kaori ont eu une cliente comme Maiko Tsugihara une danseuse qui souffrait d’insomnies sachant que quelqu’un veut attenter à sa vie et était perpétuellement angoissé. Et depuis qu’elle a fait la connaissance de Ryô face à ses pitreries lubriques et son comportement bouffon, elle n’a plus du tout la tête à penser au bandit qui la harcelait… Et c’est là qu’on se rend compte que Kaori connait très bien son partenaire et que certaines des bouffonneries de Ryô servent justement à changer les idées de sa cliente afin qu’elle soit moins anxieuse, moins tourmentée par ses problèmes, dévoilant bien le sens de l’observation de cette chère Kaori. On peut penser aussi à l’histoire de Bloody Mary où Ryô découvrit qu’elle cherchait à le tuer… Il l’embrassa et lui administra un puissant somnifère pour la neutraliser… On aurait pu croire qu’il aurait saisi l’occasion pour faire des galipettes avec elle quand elle était inconsciente, mais il a heureusement écouté la voie de la raison et l’a ramené chez lui pour apprendre ce qui a poussé Mary à agir ainsi. Enfin dans l’une des dernières histoires du manga, son meilleur ami Mick Angel (tout aussi obsédé que lui) lui proposa un deal: ils feraient tous les deux une visite nocturne, Mick le ferait avec Kaori et Ryô avec Hazuki Tachibani sa cliente. Ils étaient sur le point de le faire, mais Ryô guère enthousiaste à l’idée de voir Mick faire cela à Kaori préféra déclencher les pièges et se faire pincer, peu importe pour lui si il ne pouvait pas faire une visite nocturne à Hazuki… Et dans les adaptations animées, si tu te souviens bien dans le film d’animation “City Hunter Shinjuku Private Eyes” quand sa cliente Iris Wood (Ai Shindo en VO) a été ivre morte, on aurait pu croire que Ryô aurait profité du fait qu’elle soit inconsciente pour coucher avec elle… Et bien pas du tout: il l’a ramené à son appartement, Il est reparti faire la tournée des bars et Kaori a pris soin d’elle. Le tome 19 avec la jeune Sara Nishikujô ayant la faculté de lire dans le coeur des gens nous fit comprendre que les pitreries lubriques de notre héros ne sont qu’une façade et qu’au fond, c’est un homme extrêmement triste, hanté par son passé de guérillero et désespéré… Mais vers la fin de la série, Mick s’est rendu compte que Kaori lui a réellement rendu le goût de vivre et qu’il est à présent plus heureux depuis qu’elle vit à ses côtés. Et Ryô a plusieurs grandes qualités : c’est un homme chaleureux, bienveillant, sensible, emphatique et profondément humain. Et il lui arrive d’avoir des clients masculins comme Naoyuki Hagio. Sayaka (une de ses anciennes clientes) lui a alors demandé ce qui le pousse à accepter la demande d’un client et il lui a déclaré ouvertement “Il faut que le coeur du client fasse vibrer le sien”… Franchement Yannick, je te conseille vivement de laisser sa chance au manga qui est réellement exceptionnel et bien plus profond que la pourtant très bonne série animée.

  4. Bien sûr, Ryô est en réalité un héros bienveillant, un homme d’une grande noblesse avec les femmes. Mais il ne faut pas oublier qu’il n’existe que dans l’imagination de Tsukasa Hôjo : parti d’un nettoyeur capable de tuer dans les premiers épisodes, même si ce ne peut être que pour faire justice, Hojô a vite senti qu’il fallait lui donner une autre face, très humaine (ne serait-ce que pour “meubler” chaque épisodes 🙂 ). Et des présences féminines étaient sans doute indispensable à notre auteur : de là apparition de Kaori, et de la face “obsession sexuelle” de Ryô, d’autant plus comique qu’il ne semble pas voir la jolie fille qui vit à ses côtés. Les aspects romantiques, “amour secret”, fausse lubricité, s’ensuivirent très intelligemment et logiquement. Ce que je veux dire, c’est que les rituels harcèlements et tentatives très directes de tringlages, hilarantes et libératoires au temps où la révolution sexuelle était totalement absente de l’animation occidentale, à part chez des marginaux comme Ralph Bakshi ou Bill Plympton, nous déboutonnaient le col avec bonheur. Aujourd’hui en revanche il est très significatif que Philippe Lacheau ait estimé cela impossible, tout harcèlement coupé grâce au parfum de Cupidon : car son film live aurait été très mal reçu par la critique (et par le public féminin).
    Je te rejoins pourtant totalement sur le fond pas du tout misogyne de “City Hunter”, et bien au contraire ! Non seulement les personnages féminins très forts y abondent, mais Ryô envers ses clientes agit en fait en catalyseur, comme tu le précises, leur démontre leur propre valeur et les sort des dogmes patriarcaux. Il prend alors figure noble et altruiste. Dans certains épisodes il court même des risques (lui ou Falcon) face à des guerrières très dangereuses décidées, par erreur, à le tuer. Ce sont les épisodes les plus émouvants. Hojô aime beaucoup à faire éclater les frontières entre hommes et femmes, grâce à des combattantes ou non : “Family Compo”, “Trash”, “Angel Heart” le prouvent assez. Mais en même temps il rend le plus souvent l’amour impossible, c’est curieux. Que faire d’un Ryô bon époux (fidèle !!?), bon parent d’élèves, fonctionnaire pour offrir des revenus fixes à sa famille ? Pas étonnant que Kaori ne survive pas à leur union : narrativement, le problème est réglé.
    J’ai toujours préféré Cobra à Ryô : Cobra a des amours normalement détendues, hédonistes, à des moments de repos, avec des femmes qu’il respecte et aime, et réciproquement.
    Avec Ryô, le moment le plus jouissif et le plus attendu, c’est quand il tire avec son Magnum 357, de façon ébouriffante pour ses ennemis et ses amis. Mais Cobra a son psychogun, ça déménage aussi !

    1. Merci pour ce commentaire ô combien passionnant cher Yannick. 🙂
      Au sujet de Kaori, je tiens à te rassurer: elle survit bel et bien à la fin de City Hunter 😉 . Angel Heart, contrairement aux apparences n’est pas une suite de City Hunter et se déroule dans un univers parallèle. Il y a déjà eu ce cas de figure dans ces premières séries. Par exemple dans City Hunter, parmi leurs clientes, Ryô et Kaori ont connu Sara Nishikujô capable de lire dans le coeur et l’âme des gens… Nous pensons la retrouver dans “Sous un Rayon de Soleil”, mais en dépit du fait qu’elle ait la même apparence physique, elle n’a pas la même personnalité (la Sara de City Hunter est gentille mais introvertie et timide, celle de Sous un Rayon de Soleil a un caractère beaucoup plus affirmé) ni les mêmes pouvoirs étant donné qu’elle peut communiquer avec les arbres et les comprendre ! Donc, on peut en déduire (ou espérer) que cette chère Kaori coule des jours heureux avec Ryô après la fin de City Hunter ^_^ … Pour Cobra, tu fais bien de l’évoquer car l’homme au Psychogun (ou encore le Rayon Delta) aura bientôt droit à sa chronique supersonique ! 🙂

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