Ernest et Célestine

Ernest et Célestine

Ernest et Célestine

Réalisation : Benjamin Renner, Stéphane Aubier, Vincent Patar

Scénario : Daniel Pennac

Musiques : Vincent Courtois

 

Ernest est un ours dont la vie est loin d’être facile. Il gagne sa vie en étant saltimbanque, malheureusement, non seulement ses congénères ne prêtent guère attention à ses prestations musicales et humoristiques mais en plus, les policiers de la ville lui subtilisent ses instruments musicaux lui empêchant par conséquent de gagner honnêtement sa vie!

Ernest en est donc réduit à fouiller les poubelles pour pouvoir se remplir la panse…

Célestine la souris quant à elle n’apprécie guère son mode de vie actuelle. Au sein de sa société, les souris subtilisent les dents des ours qui servent principalement de matière première et à faire fonctionner les industries de la cité des rongeurs.


Les dents les plus petites dérobées aux ours servent aussi à remplacer celles des souris ayant perdu les leurs.
Et si jamais une des souris a le malheur de ne pas revenir avec suffisamment de dents ou pire de revenir bredouille, elle est mise au ban par les autres et tout le monde se moque cordialement d’elle.

Or, voler les dents des ours, ce n’est pas du tout sa tasse de thé et elle n’aspire absolument pas à devenir dentiste comme le chef de son village.

De même, elle n’aime pas trop les histoires de la doyenne ou cellse-ci diabolise les ours, car Célestine est persuadée qu’ils ne sont pas tous mauvais, loin de là.

La rencontre de Ernest et Célestine bouleversera à jamais le cours de leur existence…

Ernest et Célestine est à à la base une série de livres publiée par l’écrivaine et la dessinatrice Gabrielle Vincent et dont la publication s’étendit de 1981 à 2000.

Ce long métrage adapte donc l’oeuvre de cette auteure.

Et pour ma part, je le considère comme un excellent film! 😃

Le style graphique faisant penser à des aquarelles est sublime et franchement très agréable et les décors sont assez réussis.


Quant à l’animation elle est d’une fluidité exemplaire et ne souffre d’aucune fluctuation.

Enfin pour ce qui est de l’histoire, elle est charmante, attendrissante, très drôle et franchement mignonne sans jamais être mièvre. D’ailleurs, à ce sujet, les dialogues sont très bien écrits et sont très naturels, certainement l’un des points forts du film.

Le long métrage bénéficie également de jolies trouvailles visuelles comme le moment ou Ernest et Célestine peignent une toile qui est très bucolique et onirique ou encore le passage ou Ernest camoufle son camion afin que personne ne le voit.

Il y a aussi une certaine dimension sociale qui émane de l’oeuvre.

Ernest se confie à Célestine et lui avoue qu’étant plus jeune, il aspirait à être un grand comédien et à faire du théâtre, c’était là son plus grand rêve. Celui-ci fut hélas brisé par ses parents qui s’y sont opposés catégoriquement et voulaient qu’il soit médecin comme l’était jadis son père, son grand père, son arrière grand père…

De même, ce que Célestine aime par dessus tout, c’est peindre et réaliser des oeuvres mais ces dernières ont toujours été dépréciées par ses pairs qu’ils considèrent comme une perte de temps et qu’elle devrait en consacrer davantage au vol de dents.
Ernest au contraire adore les toiles de Célestine qu’il trouve magnifiques, il pense qu’elle a un talent inouï et encourage la petite souris à poursuivre sa voie artistique.

 

On peut y voir un message qui critique sans concessions certains travers de notre civilisation contemporaine où l’on cherche à mettre les gens dans des cases et à étouffer leur créativité et qu’ils doivent se consacrer exclusivement à développer la rentabilité de la société au détriment de leurs rêves, de la poésie et de leurs individualités…

Et puis un des atouts majeurs du récit, c’est bien évidemment que les personnages sont haut en couleurs et très attachants : Ernest m’a fait éclater de rire avec son sens de l’humour sarcastique et j’ai beaucoup aimé le solide bon sens dont faisait preuve Célestine.

On soulignera aussi un excellent casting pour la création des voix :

Lambert Wilson est tout simplement parfait dans le rôle de Ernest.

Pauline Brunner interprétant Célestine lui a attribué une voix adorable lui allant comme un gant.

Les personnages secondaires sont également interprétés par des pointures du doublage, on peut notamment entendre Féador Atkine (Jafar dans Aladdin, Dr House) interpréter le juge des Ours.

Ernest et Célestine est un long métrage intelligent, subtil, très amusant et émouvant.

Il a démontré une fois de plus avec brio que l’animation française cinématographique de qualité a encore de beaux jours devant elle ! Et il demeure l’un des plus beaux films d’animation français des années 2010. Il a également eu droit à une suite intitulée Ernest et Célestine : le voyage en Charabie qui est sorti 10 ans qui plus tard et qui fera prochainement l’objet d’une chronique.

Ernest et Célestine est disponible en DVD et en Blu-Ray chez l’éditeur Studio Canal.

 

One thought on “Ernest et Célestine

  1. Tu fais très bien de mettre en valeur ce film, Xanatos ! En effet, le titre, le dessin et les coloris “soft” pourraient faire croire, à tort, que le film s’adresse seulement à de très jeunes enfants mais à ma (bonne) surprise, ce n’est pas le cas. Un certain nombre d’arrière-plans des plus sérieux s’y trouvent, sans lourdes démonstrations ou leçons. Ainsi apparaît vite l’émotion, et la grande sympathie qu’on éprouve pour nos deux héros ostracisés par leur société respective. Il y a de plus des trouvailles visuelles comme l'”attaque des souris”, et la description de leur étonnante “civilisation”… J’ai beaucoup apprécié cet excellent film. Par comparaison, “Le Voyage en Charabie” m’a semblé moins réussi, répétitif.

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