Critique de Batman the Animated Series

Critique de Batman the Animated Series

Le jeune Bruce Wayne âgé de huit ans a vu ses parents mourir sous ses yeux, assassinés par un criminel qui voulait s’emparer du collier de perles de sa mère. Le gredin est parvenu à s’enfuir et la police n’a jamais retrouvé sa trace.
Ivre de chagrin et consumé par la haine, Bruce se jure de venger la mort de ses parents en traquant sans relâche les criminels et en les remettant aux mains de la justice afin que plus personne ne connaisse une tragédie semblable à la sienne.

Il quitte sa ville natale Gotham City et, au cours de son enfance et de son adolescence, il va dans plusieurs pays du monde pour se perfectionner.
Il devient un combattant hors pair ainsi qu’un athlète accompli. De plus il devient également un chimiste exceptionnel, a été initié à la prestidigitation par le magicien Zatara et a développé son sens de l’observation et son esprit de déduction en n’ayant rien à envier aux meilleurs détectives du monde.

De retour à Gotham City à l’âge adulte après avoir terminé son entraînement, il est enfin prêt pour accomplir sa mission.

Le jour, il est Bruce Wayne l’homme d’affaires multimilliardaires patron de sa propre entreprise, la nuit il est…

Batman, l’implacable justicier de la nuit qui pourchasse sans relâche les criminels sévissant dans sa ville. Notre héros est bel et bien déterminé à purger le mal qui gangrène sa ville et à sauver et protéger les innocents…

Au début des années 90 deux séries d’animation aux Etats Unis ont révolutionné l’animation américaine télévisée: Les Simpson de Matt Groening… et Batman.

La plupart des séries animées américaines d’action des années 80 ont terriblement mal vieillies et sont difficiles, pour ne pas dire impossibles à revoir aujourd’hui: la faute à des intrigues puériles et répétitives, ainsi qu’aux personnages stéréotypés et caricaturaux.

Or, il n’en est rien pour Batman.

Tout d’abord son character design fut novateur en son temps: le graphisme des personnages est à la fois carré, stylisé, expressif et très beau.

Les décors sont variés et franchement somptueux et sont très influencés par “l’art déco”.

L’animation est également excellente et très soignée sur la plupart des épisodes.

Soulignons également les musiques enchanteresses et envoûtantes qui furent composées par le grande Shirley Walker, elles sont dans la lignée des musiques composées par Danny Elfman sur les films de Tim Burton (par ailleurs, Elfman a composé le générique de la série).

Les effets d’ombre et de lumière sont superbes, saisissants et habilement maîtrisés. Dans bien des épisodes, on voit certains bandits transis de terreur ne sachant pas ou se trouve Batman… puis nous voyons le Caped Crusader émerger petit à petit des ténèbres et se jeter sur les bandits tel le prédateur fondant sur sa proie.

Bruce Timm ainsi que ses collaborateurs (Paul Dini, Eric Radomski, Boyd Kirkland, Frank Paur…) voulaient via cette série renouer avec l’esprit d’origine des comics originaux de Bill Finger et Bob Kane qui n’avait jamais été adapté fidèlement dans les précédentes adaptations animées.

Batman est un justicier sombre, tourmenté et torturé psychologiquement
et il est généralement impitoyable envers les cambrioleurs et les meurtriers. Cependant, il ne franchit jamais la ligne rouge et a fait le serment de ne jamais tuer qui que ce soit, car selon lui, s’il en venait à tuer les criminels, il ne vaudrait pas mieux que le sinistre individu qui a ôté la vie de ses parents.

C’est aussi un homme intelligent, perspicace, rusé, débrouillard et plein de ressources, sachant s’adapter en fonction de la situation.

C’est un fin limier qui parvient fréquemment à déceler des indices passés inaperçus aux yeux des autres lui permettant ainsi de remonter la piste et de capturer les hors la loi.

Il peut compter sur le soutien moral de son fidèle majordome Alfred Pennyworth qui nous gratifiera fréquemment de son humour sarcastique délectable et savoureux.

Batman fournit fréquemment une aide précieuse au Commissaire Gordon qui lui fait entièrement confiance.

Ce n’est pas tout à fait le cas de l’inspecteur Harvey Bullock qui, au début de la série se méfie comme de la peste de Batman, estimant qu’il est aussi fou et dangereux que les pires bandits de la ville, dans les tout premiers épisodes, il a même cherché plusieurs fois à l’arrêter.
Cependant au fil du temps, bien que continuant à penser que le Dark Knight est très bizarre, il finira par lui faire confiance et travaillera occasionnellement en partenariat avec lui.

L’officier Renée Montoya quant à elle, à l’instar du commissaire Gordon a toujours entièrement fait confiance au chevalier noir. C’est une jeune femme intelligente, efficace, dotée d’un bon sens de l’humour et d’une loyauté sans failles envers ses collègues.

Au cours de certaines de ses aventures, Batman sera aidé par Robin, alias Dick Grayson qui est son pupille. A l’instar de Bruce, les parents de Dick ont été tués par un criminel et depuis cette tragédie, il l’a adopté et prit sous son aile.

Robin est plus enjoué et bavard que son mentor, et, le fait qu’il n’ait pas l’expérience de son aîné lui cause parfois de gros ennuis. Néanmoins, il sait aussi se montrer malin et très futé et, lors de certaines enquêtes, il fournira une aide capitale à Batman.

Les scénarios de Batman sont très bien écrits, bien ficelés, sachant entretenir le suspense et multiplier les rebondissements maintenant ainsi le spectateur en haleine.

On notera que l’oeuvre traite de sujets de société graves et très sérieux comme la misère, le chômage, la drogue, l’enfance maltraitée…
Ces thèmes sont cependant traités en finesse et ne sombrent jamais dans le pathos.

Batman et Robin seront aussi aidés vers la fin de la série par Batgirl, une super héroïne aussi maligne qu’intrépide.
Elle n’est nulle autre que Barbara, la propre fille du commissaire Gordon.

Bien sûr, on ne peut pas parler de Batman sans évoquer ses ennemis.
Et force est de constater que les ennemis jurés de notre ténébreux justicier masqué sont les plus charismatiques et marquants de toute l’histoire de la bande dessinée mondiale! (et de l’animation).

Il affrontera à plusieurs reprises:

– Double Face, un chef de gang défiguré schizophrène, obnubilé par sa dichotomie et voyant le monde “en noir et blanc”. Il se fie généralement à sa pièce avant de prendre une décision en jouant à pile ou face.

– L’Epouvantail, un dingue qui prend un malin plaisir à faire mourir de peur ses victimes avec ses gaz toxiques. C’est l’un des ennemis les plus vicieux et sadiques de l’homme chauve souris.

– Le Pingouin, un dandy distingué et raffiné. Il compense son physique ingrat par sa très grande intelligence et ses armes meurtrières.

– Le Riddler, un bandit original imbu de lui même qui s’amuse à proposer des énigmes à Batman et il est persuadé d’avoir un intellect supérieur à son “nemesis”.

– Poison Ivy, une jeune femme capable de communiquer avec les plantes et qui est immunisée contre tout type de poison. Lorsqu’elle embrasse un homme, soit elle l’empoisonne, soit elle “l’hypnotise” pour qu’il obéisse à ses quatre volontés.

– Ra’s Al Ghul, un homme ambitieux à la tête d’un puissant empire et qui veut éradiquer l’humanité de la surface de la Terre pour la sauver et en faire un nouvel “Eden”. Il est sans nul doute l’un des ennemis les plus redoutables de Batman (avec le Joker) et le seul à avoir percé à jour la double identité de son ennemi (qu’il appelle toujours “détective”).
Les deux hommes éprouvent cependant un respect mutuel l’un envers l’autre, Ra’s Al Ghul cherchera même à faire de Batman l’héritier de son empire.


Il a une fille nommé Talia qui tombera éperdument amoureuse de Batman.

– Gueule d’Argile, une créature monstrueuse ayant la faculté de prendre provisoirement n’importe quelle apparence. Il était autrefois un acteur prénommé Matt Hagen, qui, suite à un accident, a été horriblement défiguré. Il dut travailler dans l’ombre pour le milliardaire Matt Hagen qui a conçu un produit pouvant lui rendre son visage d’autan à condition qu’il commette des larcins pour ce dernier. Un jour, il tenta de dérober une grande quantité de ce produit mais les hommes de Dagett le prirent sur le fait et lui firent ingurgiter la mixture. Il est devenu depuis lors ce monstre hideux, horrifié par son physique et plein de haine contre le monde entier et l’instigateur de son malheur.

 

– Killer Croc, un ancien lutteur qui depuis s’est reconverti dans le crime. C’est l’un des ennemis les plus costauds de l’homme chauve souris et il est d’une brutalité inouïe.

– Bane un tueur à gages aussi fort qu’intelligent et observateur. Il dispose de plus du venin, une drogue qui lui octroie une force supérieur à la moyenne le rendant extrêmement redoutable.

-Roland Daggett un milliardaire rusé, perfide et sans scrupules qui fait accomplir ses basses besognes à ses hommes de main. Si Batman arrive à contrecarrer ses plans machiavéliques, Daggett s’en tire la plupart du temps et n’est pas inquiété par la police, faute de preuves suffisantes pour l’inculper et l’incarcérer.

-Rupert Thorne chef de la la pègre de Gotham City. C’est un homme ambitieux, impitoyable, prêt à tout pour arriver à ses fins. Il a été l’instigateur de la chute du procureur Harvey Dent, qui, depuis lors, a sombré dans le côté obscur et est devenu Double Face.

– Arnold Wesker le ventriloque et sa marionnette Scarface. Même si on a souvent l’impression que Wesker est le pantin et Scarface le cerveau.
C’est un ennemi à la fois étrange, grotesque et inquiétant.

-Le Chapelier Fou, un fervent admirateur du personnage éponyme de Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll qui est également un inventeur de génie ayant crée des puces pouvant contrôler le cerveau de ses victimes et les manipuler comme des pantins.

Et bien entendu, n’oublions pas le plus célèbre et le plus dangereux d’entre tous:

le Joker!
Un clown criminel qui est un authentique génie du mal, il est très exubérant, adore rire et tuer dans la joie et la bonne humeur. Il peut être aussi rusé que brutal et violent, de plus il est d’une cruauté sans bornes.
Son tempérament chaotique le rend extrêmement imprévisible.

Ses assassinats de prédilection sont de faire mourir de rire ses victimes, celles-ci arborant un sourire ressemblant à celui du Joker lors de leurs trépas.

Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, la série n’est pas si manichéenne qu’il n’y paraît et bon nombre de protagonistes ne sont pas stéréotypés.

Impossible par exemple de ne pas éprouver de la compassion envers Victor Fries alias Mr Freeze, on comprend parfaitement ce qui le pousse à se venger de son ex patron Ferris Boyle, c’est à cause de lui qu’il est devenu ce “monstre” ne pouvant vivre à une température au dessus de zéro (il est vêtu quasiment en permanence d’une combinaison). De plus, Boyle a saboté “l’hibernation” de Nora, l’épouse bien aimée de Fries, ce dernier étant déterminé à honorer la mémoire de sa femme en abattant Boyle. Mr Freeze est un personnage au premier abord froid (au sens propre comme au sens figuré) mais qui est en fait très sensible et ambivalent.

On éprouve de l’empathie et de la compassion envers lui et on comprend ce qui l’a poussé à agir ainsi, sans que l’on cautionne pour autant ses actes répréhensibles…

On peut penser aussi à la sensuelle et plantureuse Catwoman alias Selina Kyle, une magnifique cambrioleuse qui a une agilité hors du commun.
Elle tombera amoureuse de Batman et tous deux entretiendront une relation très ambiguë et équivoque…

Certains protagonistes connaîtront une destinée tragique comme l’infortuné procureur Harvey Dent, meilleur ami de Bruce Wayne qui laissera sa schizophrénie le consumer. L’explosion qui le défigurera le fera basculer vers le point de non retour et il deviendra le terrible criminel Double Face.


A contrario, d’autres criminels trouveront la voie de la rédemption comme le caïd Arnold Stromwell qui prendra conscience de la gravité de ses actes et collaborera finalement avec la police pour tenter de démanteler le réseau de trafic de drogue de Gotham City.

 

Autre information intéressante, certains personnages originaux ont été crée dans Batman the Animated Series, mais ils ont remporté un succès si foudroyant auprès du grand public qu’ils furent par la suite intégrés aux comics!

Je pense bien sûr à la sublime Harley Quinn (créee par Paul Dini) la partenaire attitrée du Joker ainsi que sa “petite amie” (et même amante).

Elle est entièrement dévouée au Joker et est dingue de lui. Cruelle ironie du sort, elle était sa psychiatre à l’asile d’Arkham et fut chargée de le soigner, mais c’est le Joker qui l’a perverti et rendu aussi cinglée qu’il l’est lui même. Harley est candide, ingénue et un peu gaffeuse. Elle est cependant une combattante redoutable au corps à corps qu’il ne faut pas sous estimer.
C’est l’une des femmes les plus marrantes et attachantes de la série qui, malgré ses forfaits, attire une grande sympathie chez le spectateur.


Elle se liera d’amitié (voire plus) avec Poison Ivy).

Fait suffisamment rare pour être souligné, des auteurs de comics ont travaillé sur Batman TAS.
Ainsi c’est Dennis O’Neil, le créateur de Ra’s Al Ghul qui écrira le scénario du double épisode centré sur son personnage “La Quête du Démon” (qui est aussi une adaptation très fidèle du comic book original).

Quant à la combinaison de Mr Freeze, le design de sa combinaison a été confié à Mike Mignola, le créateur de Hellboy.

La série a bénéficié aussi d’un doublage français d’exception qui a marqué bien des mémoires.

Batman est magistralement interprété par Richard Darbois (voix française d’Harisson Ford) qui a littéralement sublimé le personnage, et, dans le domaine du doublage d’oeuvres d’animation, il nous a livré sans l’ombre d’un doute sa plus belle prestation.

Le Joker est remarquablement doublé par Pierre Hatet (voix française de Christopher Lloyd) qui a su remarquablement su retranscrire à travers son jeu, le machiavélisme et l’humour du personnage.

Le Pingouin quant à lui est doublé par l’incroyable Philippe Peythieu (Homer Simpson) et autant dire que sa voix lui sied à merveille.

Gordon est magnifiquement interprété par Jean-Claude Sachot (voix française de John Rys Davies/Arturo dans Sliders).

Harley Quinn est superbement doublée par Kelvine Dumour (Lydia dans Beetlejuice) dont la voix est étonnamment proche de la voix américaine originale.

Catwoman a la voix sexy de Véronique Augereau (Loïs Lane dans Superman l’ange de Metropolis) qu’elle double à la perfection.

-Georges Caudron (voix française de David Duchovny dans X-Files aux frontières du Réel ) a interprété Dick Grayson/Robin et il a su avec brio retranscrire à travers son jeu l’enthousiasme et l’humour du personnage mais aussi sa sensibilité.

-Jacques Ciron quant à lui est parfait dans le rôle de Alfred Pennyworth, le comédien ayant cerné brillamment le flegme et l’humour pince sans rire du majordome de Bruce Wayne.

Gilbert Lévy quant à lui est tout à fait remarquable dans le rôle de l’inspecteur Harvey Bullock, son doublage très énergique reflétant bien le caractère irascible et bourru de l’intrépide inspecteur.

Le seul bémol qui entache un peu cette sublime VF sont les changements de voix de certains personnages secondaires et super vilains, mais globalement elle est de haute tenue.
La traduction est aussi très bonne mais bien qu’un cran en dessous de celle de Superman.

Batman the Animated Series est l’un des fleurons de l’animation américaine contemporaine et c’est l’un des plus grands chefs d’oeuvres de l’animation mondiale à avoir été réalisé ces trente cinq dernières années.
C’est une série intelligente, sombre, envoûtante, drôle et émouvante.

Je la recommande vivement à tou(te)s et à tous. 😀

Elle est disponible en un coffret DVD intégral réunissant les 85 épisodes de la série ainsi que celle de la série animée suivante The New Batman Adventures (composée de 24 épisodes).

Il existe aussi un coffret Blu-Ray réunissant tous les épisodes de la série ainsi que les long métrages d’animation Batman contre le Fantôme Masqué et Batman et Mr Freeze : Sub Zéro.

 

Batman est une série majeure qui aura donné lieu à des descendants prestigieux comme Superman l’ange de Métropolis, The New Batman Adventures, Batman la Relève, La Ligue des JusticiersLa Nouvelle Ligue des Justiciers donnant aussi naissance au “Timmverse” (univers animé de super héros de DC Comics bâti de main de maître par Bruce Timm).

Ce joyau de la Warner Bros influencera aussi la concurrence comme le fantastique Gargoyles produit par Disney ou encore l’impressionnant et cauchemardesque Spawn chez HBO…

Nous ne pouvons qu’être reconnaissants envers Bruce Timm, Paul Dini et leur fantastique équipe d’avoir crée une oeuvre aussi exceptionnelle faisant parfaitement honneur aux meilleurs comics originaux et qui est entré depuis dans le panthéon des plus grandes séries animées américaines de tous les temps…

Cet article a été publié originellement dans le numéro 1 de Banquizine créée par mes amies Akiko et Félicitée. Plusieurs ami(e)s du forum Animeland comme Sotelo, Feanor Curufinwe et Zodiarch y ont participé et écrit des dossiers de grande qualité.

Voici le lien du numéro 1 : https://www.calameo.com/books/004823716579f80d49530

La photo de Georges Caudron est tirée du making of du moyen métrage “On s’est fait doubler !” réalisé par le talentueux Nicolas Ramade.

Ce moyen métrage est disponible sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=cYeVRbX2hhM

Et il réunit quatre comédiens de la VF de Batman the Animated Series : Richard Darbois, Pierre Hatet, Georges Caudron et Jean-Pierre Moulin ! (première voix française de Rupert Thorne).

One thought on “Critique de Batman the Animated Series

  1. Une de mes séries préférées étant enfant (malgré son ambiance parfois oppressante pour le gamin que j’étais) que j’ai redécouvert avec plaisir en Blu-ray.

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