Critique : Adieu Galaxy Express 999
Adieu Galaxy Express 999
Réalisation : Rintaro
Quelques années après son âpre combat contre la reine Prométhium (qui s’est soldé par la destruction de la planète Heavy Metal) et après avoir quitté son amie Maetel, Tetsuro Hoshinô est retourné vivre sur sa planète natale, la Terre.
Hélas, depuis plusieurs mois, la Terre a été envahie par les soldats de Prométhium et massacrent sans pitié les humains.
Tetsuro est membre de l’organisation des “combattants de la liberté” des rescapés qui se battent de toutes leur force pour repousser l’invasion.
Il a appris aussi certaines rumeurs selon lesquelles Prométhium serait de retour, mais il n’en croit pas un mot, ayant bel et bien assisté à la mort de cette despote.
Un jour, un jeune homme grièvement blessé vient à sa rencontre. Avant de rendre son dernier soupir, le malheureux lui transmet un message et notre héros apprend que Maetel l’attend à bord du Galaxy Express 999 qui restera quelques heures sur la planète avant de décoller vers une nouvelle destination.
Etant donné que ce train se situe assez loin de leur repaire, les compagnons d’arme de Tetsurô se proposent de l’accompagner et de l’escorter afin qu’il puisse rejoindre sain et sauf son amie.
Après un terrible trajet ô combien éprouvant et tragique, le jeune homme parvient à embarquer à bord du Galaxy Express 999 où le conducteur l’attendait.
Quelle n’est pas sa stupeur de se rendre compte que Maetel n’est pas à bord ! Il demande des explications au conducteur qui n’est hélas pas en mesure de lui en fournir et celui ci ne peut pas non plus le renseigner sur la destination du voyage.
Tesurô est bien décidé, non seulement et avant tout à retrouver Maetel mais aussi à savoir si le retour de la tyrannique Prométhium est bien réel ou non…
ATTENTION SPOILERS DANS MA CRITIQUE
Personnellement, j’ai adoré le premier film de Galaxy Express 999 (sorti en 1979 au cinéma au Japon) que je considère comme un pur chef d’oeuvre et qui fait partie de mes films cultes.
J’avais attendu avec impatience de pouvoir découvrir la suite de cet immense classique de l’animation japonaise (sorti deux ans plus tard au Japon) tout en espérant qu’elle se monte à la hauteur du fabuleux film original.
Et finalement, j’ai pu le découvrir via le DVD américain que j’ai acheté en 2013, 11 ans après avoir vu le film original en 2002 en VHS.
Tout d’abord, au niveau de la réalisation technique, ce deuxième opus cinématographique est nettement supérieur au premier: le character design du grand Kazuo Komatsubara (character designer de Goldorak, Albator 78, Albator 84, Nausicaä ) est superbe et encore plus beau, l’animation est excellente et beaucoup plus fluide, les décors sont somptueux, la mise en scène de Rintaro (Albator 78, Mégalopolis ) est inspirée et enfin, les musiques sont toujours aussi belles.
Certains effets de style, bien que classiques, se révèlent être absolument superbes grâce à la mise en scène inspirée et magistrale de Rin Taro comme celle où Tetsurô se fait tirer dessus et tout devient en noir et blanc…
Pour ce qui est de l’histoire, et bien je l’ai trouvé réellement passionnante.
Les nouveaux personnages sont bien campés et mémorables.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Meowdar, un jeune extraterrestre qui s’est lié d’amitié avec notre héros et qui est de la même génération que lui. C’est un garçon gentil, débrouillard, sensible et réfléchi et sachant éprouver une grande empathie envers autrui. Et même quand après avoir annoncé à Tetsurô que Maetel est certainement la nouvelle reine de l’univers et qu’elle fait la même chose que Prométhium et que celui ci l’a frappé parce qu’il ne le croyait pas, Meowdar ne lui en a pas du tout voulu et ne s’est pas énervé. Il était conscient que cette jeune femme est une amie chère au coeur de Tetsurô et ne s’est pas formalisé de son emportement. Et puis, le fait que les parents respectifs des deux jeunes garçons aient été assassinés par les soldats cybernétiques les ont rapproché tous les deux.
Bien que nous le voyons peu, j’ai aussi grandement apprécié le vieil homme du début du film qui avait pris sous son aile Tetsurô. Malgré sa présence restreinte dans l’histoire, il dégageait une vraie présence, et on sent bien qu’il considère Tetsurô comme son propre fils.
Le personnage de Faust constitue quant à lui un antagoniste d’envergure et il est très charismatique.
Il cherchera à rallier Tetsurô à sa cause, semblable à celle de Prométhium et essaiera d’influencer le jeune garçon.
Le passage où Tetsurô revit les moments où sa mère meurt est particulièrement poignant, on ressent parfaitement sa détresse, son chagrin et son désespoir de ne pas être parvenu à éviter cette tragédie et de ne pas être arrivé à sauver sa mère bien aimée. Et ensuite Faust enchaîne en affirmant “Comprends tu mon garçon à quel point ta vie de mortel te cause tant de chagrin ? Si tu nous rejoins et deviens immortel, tu n’auras plus à éprouver cette souffrance, cette tristesse, tu en seras délivré !”
D’ailleurs, j’avais percé à jour l’identité de Faust lors de sa conversation avec le capitaine Albator :
Enfin, il est vrai que notre ténébreux balafré s’est toujours fixé pour objectif de défendre coûte que coûte les innocents et à lutter sans relâche contre leurs oppresseurs ainsi que les pires tyrans de l’univers. Emeraldas la femme pirate est également présente dans l’histoire et sauvera la vie de sa soeur Maetel.
J’avais été aussi abasourdi par le coup de théâtre du film sur la nature des pilules ingurgitées par les “immortels” sujets de Prométhium et Faust”: en fait celles-ci contiennent les “vies” de personnes innocentes qui ont été tuées.
Même Metalménal, la serveuse du Galaxy Express 999 “immortelle” et cynique qui n’éprouvait guère de compassion envers les humain(e)s a été horrifiée quant elle a appris l’épouvantable vérité et s’est rendu compte à quel point cette prétendue immortalité n’est qu’une vaste supercherie. En effet, après que l’ensemble des humain(e)s aient été décimés dans l’univers pour servir de nourriture aux immortel(le)s, ceux ci ne pourront plus subvenir à leurs besoins et mourront à leur tour.
Maetel est beaucoup moins présente dans ce deuxième film (elle n’apparaît qu’au bout d’une heure), néanmoins, la jeune femme est toujours aussi charismatique, envoûtante, fascinante et incroyablement touchante.
On ne peut qu’être ému face au cruel dilemme auquel elle doit faire face:
Félicitations d’ailleurs à Masako Ikeda la seiyuu de Maetel qui nous livre une interprétation magnifique de Maetel, sa performance étant extrêmement poignante lors de l’une des dernières scènes du film.
On retrouve dans ce film l’ambiance douce amère, mélancolique et très sentimentale qui caractérise et fait l’immense force des meilleures oeuvres animées tirées des mangas de Leiji Matsumoto.
Les héros et les héroïnes connaissent d’épouvantables tragédies au cours de leurs existences qui les peinent et les bouleversent. Et pourtant, ils trouvent malgré tout la volonté, la force de poursuivre leur aventure, leur combat, de ne jamais baisser les bras et de s’investir totalement dans la concrétisation de leurs rêves et de leurs espoirs.
A l’instar du premier film, on retrouve des réflexions captivantes sur le sens de la vie et de la mort.
Pour ma part, je suis exactement du même avis que ce cher Albator : la véritable immortalité, ce sont nos enfants, nos descendant(e)s et tant que ceux-ci se souviendront de leurs familles et de leurs ami(e)s, ceux -ci ne mourront jamais réellement, tant qu’ils continueront à vivre dans leurs mémoires et leurs coeurs.
Je garde une préférence pour le premier film que je trouve plus poétique et on y voit davantage Maetel.
Ce deuxième long métrage n’en demeure pas moins un grand chef d’oeuvre, c’est un film brillant, intelligent, épique et très émouvant.
Tout fan de Leiji Matsumoto et de son fabuleux univers se doit de découvrir ce joyau.
Les néophytes peuvent le voir aussi à condition de voir au préalable le premier volet qui est absolument indispensable (tout comme sa suite).
Le film est sorti en VHS en VF et VOSTFR chez Kazé en l’an 2000 mais n’est hélas jamais sorti en DVD dans notre pays.
En revanche, il est disponible en DVD Zone 1. C’est via cette édition que j’ai découvert ce classique.
Le DVD est de grande qualité, l’image est excellente et sublime pour un film aussi ancien et le son est clair et pas étouffé.
Si vous avez un lecteur DVD multizone et que vous parlez couramment anglais, je vous recommande chaudement cette édition.
Cependant aux dernières nouvelles, l’éditeur All the Anime aurait acquis les droits de ce deuxième long métrage. Espérons que ce superbe film fera bientôt l’objet d’une édition DVD et Blu-Ray en France !