Lupin III : Hemingway Papers

Réalisation : Osamu Dezaki

Musiques : Yuji Ohno

TV Spécial de 1990

 

Après avoir fait quelques recherches, Lupin III a découvert que le célèbre romancier Ernest Hemingway (l’auteur du roman Le Vieil Homme et la Mer) aurait trouvé un fabuleux trésor qui se trouverait sur une île dans la mer Méditerrannée .

Malgré une mauvaise chute dont il fut victime dans une cathédrale, cela ne décourage pas pour autant notre brave cambrioleur qui décide de partir une nouvelle fois à l’aventure, mais une fois n’est pas coutume, il sera seul (pas pour longtemps !).

Jigen quant à lui après avoir démontré avec maestria ses talents de tireur d’élite face à des mercenaires médusés par son habileté se fait recruter par une armée de soldats dont le chef est le redoutable Konsano.
Il sera l’atout maître de ce dernier pour faire plier son ennemi juré le président Carlos.

Cependant Jigen, en se faisant engager ainsi caresse l’espoir de retrouver la trace de Crazy Mash, un tueur psychopathe qui l’a trahi 5 ans auparavant et dont il veut se venger.

De son côté Goemon poursuit sa quête spirituelle et se demande si un jour, il trouvera un objet capable de résister à la lame de son sabre Zantetsuken.
Un moine tibétain lui apporte la réponse qu’il recherchait: il y aurait effectivement un petit coffre dont la composition est extrêmement solide et qui serait en mesure de lui donner du fil à retordre.
Notre valeureux samouraï n’hésite pas une seule seconde et se dirige vers l’endroit où serait cet objet mystérieux.

Notre pulpeuse Miné Fujiko est parvenu à séduire Marces un homme d’affaires qui se livre à des trafics d’armes lui permettant de faire fructifier sa colossale fortune.
Il part peu après rencontrer son futur client, le fameux chef militaire Konsano et se réjouit à l’avance de conclure un marché juteux avec lui.

Enfin l’inspecteur Zenigata narre ses exploits et raconte à ses collègues ébahis ses aventures palpitantes et sa lutte acharnée contre son ennemi préféré Lupin III…
Cependant sa joie d’être l’idole du commissariat est de courte durée et son chef le sermonne. En effet, Zenigata est criblé de dettes et son chef refuse de les éponger tant qu’il n’aura pas mis le grappin sur son ennemi héréditaire !
Et dorénavant, Interpol ne lui paiera plus de voyage en avion en première classe mais en classe économique !

A peine il est sorti dépité de son lieu de travail qu’il aperçoit Fujiko dans une somptueuse limousine en compagnie de Marces. Il décide alors d’embarquer à l’improviste dans le coffre de la voiture car il sait pertinemment que là où se trouve la plantureuse cambrioleuse, Lupin n’est pas loin non plus !

Lupin III Hemingway Papers est le deuxième téléfilm de Lupin III à avoir été produit, et, à l’instar du premier TV Spécial, il est réalisé par le grand Osamu Dezaki (Lady Oscar, Ashita no Joe 2, Cobra) et demeure à mes yeux non seulement l’un des meilleurs téléfilms de Osamu Dezaki mais l’un des meilleurs de la saga tout court.

Tout d’abord, on retrouve le character design rétro et caricatural, mais néanmoins remarquable du premier téléfilm Good Bye Lady Liberty.

Certes, il n’est pas particulièrement esthétique, toutefois, il est très expressif et reflète à la perfection les sentiments éprouvés par les personnages.

De plus, je trouve qu’il est assez proche du trait de Monkey Punch. Noboru Furuse le character designer a fait un travail impeccable.

De plus les décors sont très beaux, réussis et soignés.

L’animation est également très bonne, légèrement meilleure que celle du premier TV Spécial.

En fait, l’énorme point fort de ce téléfilm est son histoire qui est très bien ficelée et passionnante d’un bout à l’autre.
De plus, elle ne souffre d’aucune longueur.

Bien que l’humour soit très présent et franchement désopilant, l’ambiance est également beaucoup plus sombre que dans le premier téléfilm.

Ce qui est très réussi dans la trame, c’est que sa structure narrative est bien construite: plusieurs intrigues s’imbriquent les unes aux autres (la recherche au trésor de Lupin, la vengeance de Jigen, la quête de Goemon, l’appât du gain de Fujiko) et forment un ensemble à la fois cohérent et prenant.

Jigen est particulièrement bien mis en valeur dans ce récit et celui ci met bien avant la classe indéniable du personnage et son sens de la débrouillardise.

Goemon brille également, joue un rôle majeur et démontre une fois de plus qu’il a un grand sens de l’honneur.

En fait, ce qui est fascinant dans cette aventure, c’est que, en dépit du fait que Lupin, Jigen et Goemon soient un long moment “rivaux”, on perçoit parfaitement bien l’estime et le respect mutuel qu’ils éprouvent les uns envers les autres.

Certains des moments forts sont les confrontations entre Jigen et Goemon, chacun travaillant pour un camp différent (l’un ayant été engagé par Kousano, l’autre par Carlos), néanmoins, dans les regards qu’ils s’échangent, on ressent bien la complicité qui les soudent et les unit.

Lupin est aussi extrêmement attachant: il y est comme à l’accoutumée intelligent, jovial, déjanté, débrouillard, astucieux et rigolard.
Sa loyauté est aussi bien mise en avant et il fera tout son possible pour venir en aide à Jigen et ne le laissera jamais tomber.
Idem pour Goemon qui était prêt à abandonner sa recherche du coffre pour partir à la rescousse de notre barbichu favori.

Enfin son amitié avec Maria la patronne du bar est bien menée et ne parait pas précipitée dans son déroulement. Maria est par ailleurs un personnage féminin très intéressant : elle est très intelligente, forte, indépendante, pleine de ressources, combattive mais également sensible et ne s’en laisse pas compter.Et la haine qu’elle éprouve envers Kounsano et Carlos les deux principaux antagonistes du téléfilm est parfaitement compréhensible.

Fujiko n’est pas pour autant délaissée et elle est toujours aussi rusée, habile et susceptible.
Les moments où elle interagit avec Lupin sont particulièrement savoureux et prouvent que, lorsque Fujiko laisse sa fourberie de côté, ils forment tous deux un tandem du tonnerre.

Il y a d’ailleurs de jolies trouvailles dans le scénario:

Les antagonistes de nos héros sont également bien campés et charismatiques que ce soit le président Carlos, Kousano, Marces ou encore l’infâme Crazy Marsh, sûrement l’un des bad guys les plus cinglés de l’histoire très animée de Lupin III.

Maria la Lupin Girl de ce téléfilm est franchement mémorable: elle est intelligente, forte, indépendante et pleine de ressources.
Elle a un caractère bien trempé et ne s’en laisse pas compter. Et on comprend aisément les raisons pour lesquelles elle agit ainsi.

Seule ombre au tableau: l’inspecteur Zenigata est complètement sous exploité et ridicule du début jusqu’à la fin.

Il avait un bien meilleur rôle dans “Good Bye Lady Liberty” où il était beaucoup plus présent, et, bien que gaffeur et maladroit, il savait aussi s’y montrer intelligent et perspicace: après tout, il a réussi à localiser l’emplacement du repaire de Lupin, là où toutes les forces de police avaient échoué.

La BO de Yuji Ohno est franchement sublime sur ce téléfilm, tantôt les thèmes sont angoissants, tantôt ils sont loufoques et enjoués.
J’ai été marqué par la musique très dynamique et enjouée que l’on entendait quand Lupin tentait de semer ses poursuivants: très dynamique au début, elle devenait de plus en plus lente au fur et à mesure que notre roi de la cambriole se fatiguait à courir, donnant la sensation qu’elle reflétait l’état physique de celui ci.

En définitive, Lupin III : the Hemingway Papers est un excellent téléfilm: il est captivant, très bien réalisé, palpitant, marrant et émouvant.

Tout fan de Lupin se doit de voir ce bijou ! 😀

Le DVD de Discotek sorti aux États Unis  bénéficie d’une image magnifique et entièrement remastérisée qui est un pur ravissement pour les yeux !
Le son est impeccable et n’est pas du tout étouffé.
Pour les bonus, nous avons un commentaire audio de deux fans de Lupin analysant ce téléfilm et les bandes annonces japonaises de celui-ci. Le téléfilm est également disponible en Italie en DVD et en Blu-Ray.