Critique de Lupin III: The First
Lupin III: The First
Réalisation: Takeshi Yamazaki
Au cours de la seconde guerre mondiale, le professeur Bresson confie son journal à son fils et sa belle fille ainsi que leur petite fille car celui-ci contient un terrible secret convoité par les nazis. Quelques instants plus tard, ces derniers pénètrent dans la demeure du professeur qui refuse de leur dévoiler l’emplacement du précieux ouvrage.
Peu après leur fuite, le couple et sa fille sont victimes d’un accident de la route et seule la petite survit. L’individu qui les a percuté, le professeur Lambert s’empare du bébé et de son amulette mais ne parvient pas à retrouver la trace du précieux journal.
Une vingtaine d’années plus tard, le journal du professeur Bresson est mit aux enchères à Paris. Lupin annonce qu’il va s’emparer du précieux ouvrage, néanmoins, il se fait démasquer et damer le pion par une jeune femme du nom de Laetitia qui dérobe le fameux journal et elle perd ensuite celui-ci, récupéré par Fujiko.
L’inspecteur Zenigata coince son ennemi préféré et se réjouit à la perspective de l’envoyer en prison, néanmoins sa joie est de courte durée, les éternels complices de notre héros, Jigen et Goemon le délivrent ! Lupin est bien déterminé non seulement à récupérer le précieux ouvrage, d’une part par défi, d’autre part, pour honorer la mémoire de son ancêtre Arsène Lupin qui n’a jamais réussi à le voler. Il aimerait aussi en savoir plus sur l’énigmatique Laetitia.
Lupin III: the First est le onzième film d’animation cinématographique de la saga Lupin III, le premier a être entièrement réalisé en images de synthèses et le troisième a être sorti au cinéma en France après Lupin contre Mamo et Le Château de Cagliostro.
Je l’ai découvert au cinéma avec mon ami Ialda lors d’une avant première en septembre 2020, quelques semaines avant sa sortie nationale en France.
En tant que fan de Lupin, ce long métrage m’a franchement enthousiasmé et fait partie de mes préférés de la saga .
Tout d’abord, la réalisation technique est splendide: les décors sont très beaux et détaillés, les personnages sont très expressifs (Lupin a des mimiques à se tordre de rire ! )
Et l’animation est globalement excellente et très fluide. Parmi nos héros, c’est clairement Lupin le plus réussi: ils ont gardé son physique simiesque caractéristique et sa gestuelle cartoonesque est extrêmement réussie et truculente à souhait !
Fujiko quant à elle conserve son glamour, son charme et son sex appeal et est vraiment très jolie et mignonne.
Zenigata en gros bourru est bien réussi aussi et les passages où il se montre explosif sont irrésistibles.
Goemon lui a des traits bien plus asiatiques que les autres personnages, j’avais presque l’impression que les animateurs voulaient le faire ressembler à Bruce Lee !
Seul le design de Jigen me laisse un peu mitigé, même si notre barbichu préféré conserve fort heureusement son flegme habituel et son humour pince sans rire drolatique.
Le design des autres personnages spécifiquement crées pour le personnage est assez bon, notamment Laetitia franchement très belle et charmante comme tout (même si l’introduction quand elle est bébé, on a l’impression qu’elle est plus tirée d’un film Pixar).
L’histoire quant à elle demeure classique mais efficace, bien menée et prenante. Nous sommes dans le registre du film d’aventures, le long métrage revendiquant clairement ses références, certains moments clés évoquant l’excellent Indiana Jones et la dernière Croisade de Steven Spielberg.
Mais il y a aussi certains passages du long métrage m’ayant fait penser au très bon Lupin III: Mort ou Vif, notamment la base dans laquelle se trouve nos héros, Laetitia et les nazis, dont le design évoque un peu celui de la montagne truffé de nanomachines que Lupin, Jigen et Goemon affrontèrent dans Mort ou Vif.
Le récit a tout de même quelques moments prévisibles
Par exemple, quand Lupin devait désamorcer la bombe enfouie dans le journal (à cause d’une gaffe malencontreuse de Laetitia), Ialda et moi nous avons aisément deviné quel était le bon mot de passe.
,Heureusement, ils n’ont nullement gâché notre plaisir.
Lupin reste fidèle à lui même: jovial, farceur, rigolard, décontracté, mais également intelligent, sensible, observateur et compréhensif. Sa relation avec Laetitia est bien traitée au cours du film et on s’attache à cette jeune fille au fil de l’histoire, tant celle ci s’avère sympathique et touchante.
Et, à part une gaffe monstrueuse, elle se montre souvent intelligente et ses atouts sont complémentaires avec les qualités de Lupin. Quant aux interactions de notre héros avec ce brave inspecteur Zenigata, elles sont toujours aussi tordantes et nous ont valu à Ialda et moi de sacrés fous rires !
Au sujet des antagonistes, j’ai apprécié Lambert qui avait un caractère ambivalent:
il a adopté Laetitia car elle lui sera utile pour s’emparer du journal mais il s’est attaché à la petite au fil des années et a tenté de la protéger lors d’un moment clé.
Ce trait de sa personnalité le rend intéressant mais son aspect ambigu aurait gagné à être davantage développé et exploité.
Gérald par contre est un méchant assez générique et basique, mais j’aime bien quand Lupin se fiche de la passion et fascination de ce dernier pour Adolf Hitler !
Les musiques du film sont splendides, Yuji Ohno le légendaire compositeur attitré de la saga est toujours aussi en forme, et nous retrouvons aussi bien des musiques et chansons caractéristiques des précédents animés de la licence (quel bonheur d’avoir entendu “I am a super Hero !” ) que des musiques inédites.
Lupin III: the First est pour moi un excellent film, qui certes ne révolutionne pas la saga mais n’en demeure pas moins un divertissement de haute volée et fort réussi, et il peut plaire aussi bien aux fans du héros de Monkey Punch qu’aux spectateurs néophytes.
A noter au sujet de la version originale japonaise qu’il s’agit du dernier film d’animation de Lupin III où Kiyoshi Kobayashi interpréta le personnage de Jigen Daisuké. Le seiyuu de Jigen l’a interprété pour la première fois dans le film d’animation pilote de 1969, et à l’exception du film Lupin III le Complot du Clan Fuma (où il fut remplacé par Banjo Ginga), il n’a jamais quitté le pistolero barbu pendant près de 52 ans.
Fait intéressant au sujet de Jigen: Monkey Punch s’était inspiré de l’acteur James Coburn qui interpréta le personnage de Britt, un des protagonistes du film Les Sept Mercenaires de John Sturges (remake du film Les Sept Samouraïs de Akira Kurosawa). Or, Kiyoshi Kobayashi le seiyuu de Jigen fut aussi la voix japonaise officielle de James Coburn, bouclant ainsi la boucle ! 🙂
Kiyoshi Koabyashi fit ses adieux à Jigen en 2021 dans le premier épisode de la série animée Lupin III: Part VI et céda son rôle fétiche à Akio Ôstuka (docteur Black Jack, Batô dans Ghost in The Shell ). Kiyoshi Kobayashi décéda malheureusement en 2022 à l’âge de 89 ans…
On ne peut que remercier ce grand comédien d’avoir interprété avec tant de maestria le meilleur ami de Lupin III pendant un demi siècle et sa prestation remarquable de ce personnage ô combien charismatique ne sera jamais oubliée…
Le doublage franco belge du film quant à lui est très réussi. C’est à partir de ce film que TMS a fixé un casting officiel pour les voix francophones de Lupin, Jigen, Goemon, Fujiko et de l’inspecteur Zenigata.
Tous livrent des prestations de grande qualité, mention spéciale à Maxime Donnay, absolument génial dans le rôle de Lupin III excellant aussi bien dans les moments comiques du roi de la Cambriole où il laisse libre cours à son exubérance que dans les passages plus sérieux du personnage où il lui confère un certain charisme.
On ne tarira pas d’éloges non plus sur l’interprétation de Adeline Chetail (voix française de Vanessa Hudgens, Nausicaä dans le film éponyme de Hayao Miyazaki) dans le rôle de Laetitia, sa prestation est magnifique et irréprochable et elle a su retranscrire à merveille à travers son jeu exemplaire la détermination ainsi que la sensibilité de la jeune fille et elle lui insuffle beaucoup d’émotion et ce, avec une grande justesse.
Lupin III the First est disponible en DVD et Blu-Ray en VF et VOSTFR chez l’éditeur AB, en édition light ainsi qu’en édition collector.