Critique de Lupin III: Le mensonge de Fujiko
Lupin III: le mensonge de Fujiko
Réalisation Takeshi Koike.
Fujiko travaille avec Randy un scientifique et prend soin de son fils Gene. Ils admirent des fleurs poussant dans un désert. Tout à coup, la maison dans laquelle vivent Randy et Gene est attaquée par trois bandits ! Le plus dangereux d’entre eux, Binkam, a la faculté de manipuler le coeur des gens et les contraindre de leur dire la vérité. Leur objectif est d’obliger Randy de leur révéler l’emplacement de son argent dont la somme s’élève à 500 millions de dollars qu’il a mit de côté pour l’opération du coeur de son fils. N’ayant pas la certitude de pouvoir survivre, il charge Fujiko de mettre Gene à l’abri et de prendre soin de lui.
Notre rouquine parvient à échapper aux gangsters, mais la maison familiale de Gene explose. Les ennuis de Fujiko ne font que commencer, Binkam étant déterminé à mettre le grappin sur Gene et à la tuer…
Voici donc le troisième film d’animation cinématographique de Lupin III réalisé par Takeshi Koike sorti en 2019 au Japon et se situant dans le même univers que la série animée Une femme nommée Miné Fujiko, ainsi que les films Le Tombeau de Daisuké Jigen et La Brume de sang de Goemon Ishikawa.
Alors, nous allons mettre tout de suite les choses au point au sujet de ce troisième opus animé de Koike dédié à Lupin III et son univers: techniquement parlant, c’est PARFAIT. Magnifique character design fidèle au trait de Monkey Punch, décors somptueux et très détaillés, animation d’une fluidité éblouissante, rien à redire, c’est du grand art.
Comme on pouvait s’y attendre, nous y retrouvons l’ambiance “Hard Boiled” faisant le sel des deux précédents moyens métrages animés cinématographiques.
Et donc, après Jigen et Goemon, c’est donc Fujiko, l’égérie de notre roi de la Cambriole qui se trouve sous les feux des projecteurs.
Le traitement de notre sulfureuse cambrioleuse est particulièrement intéressant.
Si comme à l’accoutumée, elle est passé maîtresse dans l’art de la manipulation et sait jouer de ses atouts physiques pour embobiner les hommes (en particulier certains de ses ennemis), le récit dévoile aussi certaines facettes plus sensibles de sa personnalité.
On sent qu’elle est réellement attachée au petit Gene qui éveille sa fibre maternelle et fait tout pour le protéger et veiller sur lui.
Certes, elle est intéressée par le pactole mirobolant de Randy, mais toutefois, on sent qu’elle veut aider ce petit garçon.
Tantôt elle se montre bienveillante, gentille et attentionnée envers lui, tantôt elle peut être sèche et rude envers lui. Néanmoins, quand elle agit ainsi, c’est davantage pour que celui-ci prenne de l’assurance, ne se laisse pas marcher sur les pieds et ne se repose pas trop sur les autres.
Gene quant à lui est assez capricieux et émotif, cependant, vu les circonstances, on peut se montrer indulgent envers lui.
Binkam, l’antagoniste principal se démarque des précédents bad guys: si Yael Okukazi était un tireur hors pair atteignant toujours sa cible et que Hawk se caractérisait par sa force physique redoutable et sa résistance hors du commun, Binkam lui a des pouvoirs surnaturels le rendant par conséquent imprévisible et ô combien dangereux.
De plus, sa vitesse inouïe et sa faculté à esquiver avec une facilité déconcertante la plupart des attaques de ses ennemis font de lui un tueur ô combien coriace.
Les scénaristes se sont toutefois creusés la tête pour ne pas en faire un personnage unidimensionnel, et, malgré son apparence monstrueuse et ses attaques effrayantes, il a un passé résolument tragique et douloureux nous faisant éprouver de la compassion envers lui.
Pour en revenir à Fujiko, si l’histoire met à profit sa sensualité pour parvenir à ses fins, l’intrigue met bien en valeur son intelligence exceptionnelle et sa ruse légendaire, la belle rouquine étant capable d’analyser en un clin d’oeil les failles de ses ennemis et ensuite anticiper leurs futurs assauts pour mieux les contrecarrer.
Lupin et Jigen ont des rôles assez secondaires dans le récit mais sont toutefois indispensables à celui-ci: bien que notre roi de la Cambriole soit au début dépassé par les évènements, il ne s’en laisse pas compter et fournira ensuite une aide précieuse à Fujiko et Gene. Jigen reste fidèle à lui même: cool, décontracté et drôle et toujours aussi habile au revolver.
Goemon et l’inspecteur Zenigata sont absents de ce film.
Sinon chronologiquement, se situe entre Le Tombeau de Daisuké Jigen et La Brume de sang de Goemon Ishikawa.
A noter aussi que le film est dédié à la mémoire de Monkey Punch, ce grand mangaka étant hélas décédé un mois avant la sortie du moyen métrage au cinéma au Japon.
Lupin III: le mensonge de Fujiko est un film palpitant, drôle, truffé d’action, mené tambour battant, captivant de bout en bout et mettant en avant une Miné Fujiko complexe et pleine de nuances subtiles…
Lupin III: le mensonge de Fujiko conclut en beauté la trilogie de Takeshi Koike et on espère que celui-ci réalisera dans quelques années deux autres moyens métrages de la même trempe que cette saga et qu’ils seront focalisés sur l’inspecteur Zenigata puis Lupin III lui même.
Malheureusement, Lupin III: le mensonge de Fujiko n’a, à ce jour, pas été acquis par un éditeur français. Si il a été projeté à Japan Expo en 2019 pour rendre hommage à la mémoire de Monkey Punch, aucune édition DVD ou Blu-Ray française n’est prévue à ce jour. Espérons qu’un éditeur français se penchera prochainement sur cette pépite. Le film est toutefois disponible en Blu-Ray aux États Unis et en Italie (qui est le pays de cocagne pour les fans de Lupin III, le héros de Monkey Punch étant une véritable institution chez nos amis Transalpins !).