Sonic et ses ami(e)s Tails, Amy, Knuckles et Rouge combattent héroïquement l’infâme docteur Eggman (alias Robotnik) qui convoite le prisme du Paradoxe, un énorme diamant conférant à son possesseur des pouvoirs extraordinaires.

Hélas, au cours de cette bataille fratricide, Sonic casse accidentellement le Prisme du Paradoxe. Le hérisson bleu se retrouve alors propulsé dans divers univers parallèles, mais il caresse néanmoins l’espoir de pouvoir un jour rentrer chez lui…

Sonic Prime est la sixième série animée du héros de Sega à avoir vu le jour et est la deuxième à être réalisée entièrement en images de synthèses, la première ayant été Sonic Boom qui est une série animée hilarante et très décalée.

Elle a été produite par Sega et le studio Wildbrain de Vancouver et est diffusée par Netflix.

Les huit premiers épisodes sont arrivés de la catalogue de Netflix le 15 décembre 2022.

Si la précédente série d’animation de l’intrépide hérisson Sonic Boom était une truculente sitcom à l’humour sarcastique et incisif mâtinée de scènes d’action, Sonic Prime est une série résolument plus sérieuse et dramatique, et bien que l’humour soit très présent, elle peut se montrer aussi très sombre.

L’une des caractéristiques de la série est qu’elle regorge de références destinées aux fans de la première heure du personnage. Ainsi les Badniks qu’affrontent nos héros dans le premier épisode sont directement tirés des tout premiers volets vidéoludiques du personnage sur la mythique console la Sega Megadrive !

De même, à chaque fois que le céruléen hérisson a des flashback qui lui reviennent en mémoire, ceux-ci sont dans un style graphique pixelisé en 2D rendant directement hommage aux jeux de la Megadrive.

Enfin, quand Sonic veut rentrer dans la base de son meilleur ami Tails, il tape comme code 1992… correspondant à l’année de la sortie du jeu vidéo Sonic the Hedgehog 2 sorti sur la Megadrive, la Master System et la Game Gear où l’adorable petit renard fit sa toute première apparition !

En ce qui concerne le concept de la série, il est ouvertement inspiré du concept de multivers, des oeuvres où des protagonistes voyagent dans des univers parallèles.

Une des séries les plus marquantes dans ce registre fut la mémorable mais néanmoins inégale série live Sliders les mondes parallèles de Tracy Tormé où Quinn Mallory, Wade Wells, Rembrandt Brown et le professeur Maximilian Arturo glissaient de monde en monde dans l’espoir de retrouver leur terre d’origine.

Néanmoins, ce thème de science-fiction a explosé en popularité suite à l’engouement suscité par certains films Marvel tels que Spider-Man into the Spider Verse, Spider-Man No Way Home et Doctor Strange in the Multiverse of Madness.

Alors, comment s’en sort l’hérisson le plus rapide de la planète dans ce domaine ?

Plutôt bien ma foi.

Parmi les mondes parallèles dans lesquelles il évolue, le plus intéressant et fascinant d’entre tous demeure New Yoke City, un univers futuriste, désespéré et sombre dans lequel le docteur Eggman et différents membres de sa famille (le fameux conseil) le dirigent d’une poigne de fer.

Leur leader est le docteur Eggman, les autres étant le docteur Atoufé (le doyen), le docteur Ego (le plus féru de technologie et adepte du sabre), le docteur Blasé (un adolescent désabusé) et le docteur Babille (un bébé surdoué).

Ils sont épaulés dans leur tâche par la terrible Rusty Rose (version parallèle de Amy Rose la bien aimée de Sonic) une redoutable androïde surpuissante doté d’un arsenal d’armes meurtrières et très intelligente.

 

Ce monde dystopique fait écho à celui de la série animée Sonic et Sally (Sonic the Hedgehog en VO) produite et écrite par Ben Hurst où le docteur Ivo Robotnik s’était imposé comme un dirigeant tyrannique qui avait pratiquement dominé toute la planète Mobius et cybernétisé la plupart des animaux…

Mais on peut y voir également une référence au roman 1984 de George Orwell : en effet, dans New Yoke City, au même titre que dans ce roman majeur, la liberté d’expression n’existe plus et les moindres faits et gestes des habitants sont épiés par des robots leur rappelant perpétuellement d’obéir au Conseil sous peine d’être sévèrement punis. Un organisme de résistance lutte toutefois ardemment contre le régime despotique de Eggman et sa famille avec à leur tête Rouge la chauve souris et Knuckles l’échidné.

D’ailleurs, comme souvent dans les oeuvres traitant d’univers alternatifs, ces versions parallèles n’ont pas tout à fait la même personnalité que les personnages que nous connaissons bien. Ainsi si Rouge dans le monde d’origine de Sonic a la même personnalité que dans les jeux vidéos, les comics et la série animée Sonic X, en l’occurrence une chauve souris voleuse, glamour, malicieuse, ambiguë et adorant les beaux bijoux (elle s’est justement allié à Sonic car elle convoitait le prisme du Paradoxe qu’elle voulait ajouter à sa collection de joyaux !) dans New Yoke City, elle est beaucoup plus terre à terre et altruiste, car, au même titre que Knuckles, elle a très à coeur de renverser le conseil et de rendre la liberté à ses concitoyens.

Mais la version alternative la plus intéressante d’entre toutes est sans nul doute Nine qui est en quelque sorte le côté obscur de Tails. Si au même titre que la version classique du renardeau, il est extrêmement intelligent et un génie de la mécanique, il n’a pas les mêmes traits de personnalité que celui-ci. En effet Tails est un personnage gentil, chaleureux, bienveillant, généreux doux et ayant de l’humour. Or c’est loin d’être le cas de Nine: c’est un être sombre, désabusé, amer, plein de rancoeur et de haine envers cette société qui ne lui a pas fait de cadeaux. Si Tails avait été martyrisé par des brutes dans sa petite enfance, il a été sauvé par Sonic et sont devenus depuis lors les meilleurs amis du monde, Nine n’eut pas la même chance: lui aussi a été brutalisé par des voyous mais absolument personne n’est venu à son secours.

Il dût se débrouiller par lui même pour se venger des monstres qui l’opprimaient en ayant construit des queues mécaniques. Et si depuis il a pu assouvir sa revanche, il est devenu très misanthrope. L’évocation de son passé tragique est sans nul doute l’un des moments les plus poignants de la série…

A noter que sa première rencontre avec Sonic ne s’est pas déroulée sous les meilleures auspices étant donné que Sonic l’a appelé Tails, nom qu’il hait de toute son âme, car c’était le sobriquet dont l’avait affublé les canailles qui lui firent tant de mal par le passé… Rappelons par ailleurs que les vrais nom et prénom de Tails sont Miles Prower.

Leur combat est assez spectaculaire, ils s’affrontent sur un train et la scène est probablement inspirée de l’une des meilleures scènes d’action du film Spider-Man 2 de Sam Raimi où l’Araignée affrontait justement le docteur Octopus sur un train ! Les queues mécaniques de Nine font par ailleurs écho justement aux tentacules du docteur Octopus. Cependant, le fait qu’il se fasse appeller Nine peut être vu également comme une référence faite à Kitsune qui est un renard fictif du folklore japonais qui est justement doté de neuf queues.

Cependant Sonic parviendra heureusement à raisonner Nine et à se lier d’amitié avec lui. L’évolution de Nine au fil de ces premiers épisodes est particulièrement captivante car il demeure quelqu’un qui est un peu sur le fil du rasoir, tant il est imprévisible. Lors d’une scène mémorable, il laissera dans le pétrin plusieurs de ses alliés qui pourtant comptaient sur lui, car il privilégiait la concrétisation de son objectif. Toutefois, il s’attachera réellement à Sonic et sera extrêmement ému et touché par les compliments qu’il lui fera lors d’une bataille en lui déclarant qu’il “assure un max”.  Après tout Sonic est l’unique personne à lui avoir témoigné de la gentillesse et de la douceur au cours de sa triste existence… Depuis lors, Nine a sauvé à plusieurs reprises la vie du hérisson bleu au péril de la sienne. Le personnage s’annonce prometteur par la suite: rejoindra-t-il le camp des héros ou renversera-t-il le conseil pour lui même devenir le nouveau maître du monde ?

Au sujet de Sonic, si on retrouve certains de ses traits de caractère habituels (son humour caustique, son impertinence, son bagou, son grand courage), on peut toutefois être étonné par son tempérament assez enfantin. En effet, il est très impulsif, têtu, fonce souvent dans le tas sans avoir réfléchi au préalable et se montre souvent surexcité. Cela dénote singulièrement par rapport à son écriture dans le jeu vidéo Sonic Frontiers où il était mature, posé et réfléchi.

Fort heureusement, il évolue peu à peu: il réalise justement que c’est son caractère parfois trop borné qui a provoqué la situation dans laquelle il se trouve actuellement (sa destruction accidentelle du Prisme du Paradoxe) et est déterminé à corriger son erreur. De plus, il donne toujours le meilleur de lui même pour sauver ses amis ou les gens dans le besoin.

L’un des épisodes les plus passionnants à ce titre est le sixième épisode “La situation est grave” où Sonic a débarqué dans un monde à la jungle verdoyante où Thorne (version parallèle de Amy) lutte contre des versions parallèles de Tails, Rouge, Big le chat et Knuckles qui selon elle veulent piller sans vergogne les ressources de mère nature et elle veut absolument protéger celle-ci.

Sonic comprendra vite qu’il y a eu un véritable problème de communication entre Thorne et les autres autochtones, chacun n’en ayant fait qu’à sa tête alors qu’il était pourtant possible qu’ils vivent tous ensemble en parfaite harmonie et qu’il est fondamental d’être à l’écoute de son prochain…

Les autochtones ont été trop “gourmands” tandis que Thorne est allé trop loin dans son souhait, pourtant légitime, de protéger la forêt…

Sonic a probablement vu en Thorne son propre reflet et parviendra à la raisonner de même que les autres habitants.

A noter que Shadow le hérisson, le grand rival de Sonic est présent dans cette série. Il a jusque là fait peu d’apparitions, bien qu’assez marquantes. Comme dans bien des jeux vidéos contemporains et dans d’autres médias (les comics IDW, Sonic Boom ) Shadow se montre très susceptible, colérique et entretient des relations conflictuelles avec Sonic. Cependant, pour une fois, les griefs qu’il a vis à vis de son rival dans Sonic Prime sont compréhensibles étant donné qu’il le tient pour responsable de la disparition de leur monde originel. On apprend aussi qu’il est parti à la recherche des émeraudes du chaos (et c’est l’une d’entre elle qui lui permit d’être immunisé face aux effets de la destruction du Prisme du Paradoxe) même si, pour le moment, on ignore ce qu’il compte en faire une fois qu’il les aura toutes réunies. Il sera exaltant de savoir si dans les futurs épisodes, il enterrera ou non la hache de guerre avec Sonic afin qu’ils puissent trouver un terrain d’entente pour reconstituer leur monde natal et y retourner…

Si j’ai  parlé jusque là de l’histoire et des personnages, je n’ai pas encore évoqué la réalisation technique. Et bien à titre personnel, je la trouve très soignée. Le character design des personnages principaux est à la fois beau et expressif et l’animation est excellente, énergique et très fluide, sachant pleinement rendre la démesure des scènes d’action où la vitesse vertigineuse de Sonic. Les décors sont également très détaillés. On pourra toutefois déplorer qu’il n’y ait pas davantage de personnages secondaires pour étoffer les environnements dans lesquels se déroulent les aventures de notre héros. Mais à côté de cela, on a aussi des belles trouvailles visuelles amusantes comme Sonic qui court momentanément sur les mains pour échapper à Shadow ou encore à un moment donné, il est assommé et voit des flickies tournoyer autour de sa tête, rappelant les cartoons de l’âge d’or de Hollywood quand un Toon voyait plein d’oiseaux tourner autour de sa tête quand il était KO !

Il y a aussi des scènes de combat bien trouvées comme Rusty Rose allongeant son bras mécanique pour tenter d’assommer Sonic et qui, non seulement l’esquive mais en plus monte sur celui-ci pour assommer cette dernière en lui infligeant un coup magistral !

Alors quel est mon bilan global de ces premiers épisodes de Sonic Prime ?

Très positif pour ma part. Je trouve la série passionnante, dynamique sans être hystérique, très drôle (l’humour tantôt décalé, tantôt cartoon m’ayant fait rire de bon coeur), mais elle sait aussi être très sérieuse, sombre et fort émouvante.

Après ces premiers épisodes souffrent aussi de quelques défauts: certains ennemis comme le docteur Babille sont assez grotesques et ridicules par exemple. On espérera aussi que la série ne se reposera pas sur ses acquis et que dans les épisodes suivants, Sonic ne se contentera pas de rencontrer des versions alternatives de ses amis et que l’on verra également des personnages inédits ou bien d’autres protagonistes majeurs de la saga.

Sonic Prime pourrait être l’opportunité idéale de faire apparaître Blaze la chatte, une des héroïnes les plus intelligentes et charismatiques des jeux vidéos originaux et des comics IDW qui n’a, jusque là, jamais été adaptée en animation. Et cela collerait parfaitement bien étant donné qu’elle vit vraiment dans un monde parallèle !

Et je serai pour ma part fou de joie si Tangle et Whisper qui sont mes héroïnes favorites des comics IDW apparaissent dans cette série animée. Mais ne faisons toutefois pas de plans sur la comète, wait and see!

En bref, je suis pour le moment très satisfait de Sonic Prime et je suis impatient de voir la suite !

La série devrait compter au total 24 épisodes, mais elle peut s’avérer plus longue si elle continue à remporter du succès (elle a été cinquième dans les meilleures audiences de Netflix dans le top 10 des oeuvres les plus vues de la plateforme en décembre 2022 et quatrième en France).

Enfin, on soulignera un très bon doublage français, pratiquement tous les personnages ayant gardé leurs voix françaises habituelles. On retrouve donc avec bonheur Alexandre Gillet sur Sonic, Naiké Fauveau sur Amy, Marie-Eugénie Maréchal sur Tails, Sébastien Desjours sur Knuckles, Marc Bretonnière sur Eggman, Antoine Nouel sur Big le chat ainsi que Benoit du Pac sur Shadow. Ces formidables comédien(ne)s ont immédiatement retrouvé leurs marques et livrent d’excellentes interprétations de leurs personnages respectifs.Seule Rouge a changé de voix, l’excellente Marie Lenoir cède le rôle de la facétieuse chauve souris cambrioleuse à Charlotte Correa qui livre fort heureusement une très belle interprétation de Rouge.

J’ai cependant bien l’intention de redécouvrir la série en VOSTFR un jour, la version originale canadienne semblant elle aussi de grande qualité et on a quelques pointures au casting telles que Ashleigh Ball  (Applejack et Rainbow Dash dans My Little Pony Friendship is Magic ) qui prête sa voix à Tails.

Je conseille Sonic Prime aussi bien aux fans de Sonic qu’aux néophytes, la série étant parfaitement abordable pour les spectateurs novices. C’est une très belle série d’action et d’aventures riche en humour, en émotion et en sensations fortes !

La suite arrive par ailleurs incessamment sous peu, les huit épisodes suivants étant prévus pour le 13 juillet 2023 !