Les Enfants du Temps
Les Enfants du Temps
Réalisation : Makoto Shinkai
Hodaka Morishima est un lycéen de 16 ans qui a fugué de son île natale pour tenter de gagner sa vie à Tokyo. Cependant, en raison du fait de son absence de diplômes, d’expérience professionnelle et de son jeune âge, il se fait vertement refouler par les patrons chez qui il postule sa candidature et est contraint de dormir dans la rue.
Il finira cependant par être engagé par un certain Mr Suga, un homme qui lui a sauvé la vie quelques jours plus tôt en l’évitant de se noyer. Il est le rédacteur en chef d’un petit magazine qui publie des articles sur des phénomènes occultes et surnaturels.
Sa seule autre employée étant Natsumi, une jeune femme d’une vingtaine d’années pétillante et dynamique. Suga offre à Hodaka couvert, logis et petit salaire.
Quelques temps plus tard, il retrouve une jeune fille qu’il avait déjà connu quelques jours plus tôt: une serveuse du nom de Hina qui lui a offert gentiment un hamburger sans qu’il ait à la payer.
Les deux jeunes gens apprennent à se connaître petit à petit et se rapprochent au fil du temps.
Hina révèle son secret à Hodaka: celle-ci est capable de faire réapparaître le soleil dès qu’elle fait une prière…
Les Enfants du Temps est l’avant dernier film en date de Makoto Shinkai qui avait déjà réalisé l’extraordinaire et fabuleux Your Name qui pouvait se targuer d’avoir non seulement une réalisation technique de haute volée mais aussi de bénéficier d’un scénario audacieux et beaucoup plus original qu’il n’y paraît.
Et bien pour ma part, ce long métrage sorti en 2019 au Japon et en 2020 en France au cinéma s’avère être une fois de plus une brillante réussite. 🙂
Tout d’abord, il est visuellement magnifique: le character design est superbe (les personnages sont beaux, typés et expressifs), l’animation est d’une fluidité sensationnelle et plusieurs passages sont d’une beauté à couper le souffle et on a droit à plusieurs passages renversants et époustouflants !
J’ai été épaté aussi par le soin particulier que Shinkai a accordé aux décors qui sont très détaillés.
J’ai aussi beaucoup aimé l’histoire qui est passionnante et sait entretenir le mystère et le suspense et sachant se dévoiler petit à petit.
Le long métrage sait alterner des passages contemplatifs laissant le temps aux personnages d’exister et d’admirer leur environnement que certaines scènes d’action incroyables.
A ce titre, le moment où Natsumi roule à toute allure avec sa moto en compagnie de Hodaka est très spectaculaire et incroyablement dynamique.
Et, bien que le récit se focalise sur les deux protagonistes Hodaka et Hina, il ne délaisse pas pour autant les personnages secondaires.
Mr Suga, que l’on aurait pu prendre pour un opportuniste manipulateur et égoïste cache des blessures au fond de son coeur et n’a pas souvent l’occasion de voir sa fille adorée.
J’aime beaucoup Natsumi ainsi que son franc parler et qui est doté d’un certain sens de l’humour.
De plus, l’idylle entre Hina et Hodaka ne paraît jamais précipitée ou artificielle: nous voyons leur relation se développer au fil du temps et leur histoire d’amour n’est jamais niaise et évite les écueils de la mièvrerie.
Cependant, le film n’est pas parfait:
on a jamais su quels motifs ont poussé Hodaka à fuguer: est ce que parce que ses parents le maltraitaient ? Est ce parce qu’il s’ennuyait sur son île et souhaitait découvrir de nouveaux horizons ?
De même, on aurait aimé en savoir davantage sur
ce monde par delà les nuages, crée par les dieux
Mais ces petits reproches que je fais sont dérisoires par rapport aux très nombreuses qualités du film qui aura su m’émouvoir, me faire rire, vibrer et rêver…
Je recommande chaudement Les Enfants du Temps qui est à découvrir absolument ! 😀
Les Enfants du Temps est disponible en DVD et en Blu-Ray chez l’éditeur All the Anime.
3 thoughts on “Les Enfants du Temps”
Oui Xanatos, un excellent film ! Le jeune Hodaka est typique de nombreux très jeunes gens qui fuient leur famille et milieu pour tenter une “deuxième vie” dans l’immense Tokyo. D’ailleurs la police cherche à l’arrêter comme fugueur. Les pansements qu’il porte à son arrivée semblent montrer qu’il est battu chez lui, et plusieurs autres films animés japonais osent aborder le problème ( “La Maison des Egarées”, ou bien “Belle”, à l’opposé du dogme pro-familial des productions US ). Le sauveur du fuyard Hodaka est Mr Suga, attachant personnage à la limite de l’escroc des fake news et exploiteurs du paranormal comme il en pullule de nos jour, mais bien brave en fait. Natsumi est aussi bien campée, marrante, dynamique. Hina est la dimension fantastique, passionnelle pour notre jeune héros. Le désordre climatique des pluies constantes sur Tokyo parle aussi beaucoup à notre époque ! J’ai beaucoup aimé ce film, une réussite de Makoto Shinkai !
Nous nous rejoignons sur toute la ligne mon cher Yupa ! 😀
Oui effectivement, vu les pansements qu’il arbore sur son corps, tout porte à croire que le pauvre Hodaka est un enfant qui a été battu par ses parents et qu’il a fui cette vie violente et triste dans l’espoir de couler des jours heureux dans une ville où il pourrait s’épanouir, loin de sa famille toxique.
Le problème de l’enfance maltraitée a été effectivement rarement abordé dans l’animation américaine cinématographique et télévisée (à l’exception toutefois notable d’un épisode marquant de “Batman the Animated Series” où l’adulte qui tabassait , insultait et maltraitait de pauvres enfants qu’il considérait comme des larbins et moins que rien mirent Batman dans une rage folle, bien plus qu’un super vilain “ordinaire”).
Ce sujet grave et très sérieux a toutefois été abordé frontalement dans les comics IDW des Tortues Ninja où Casey Jones le vigilante se faisait régulièrement tabasser et injurier par son ivrogne de père chez eux. Révoltés et écoeurés par la cruauté du père de Casey, Splinter ainsi que Raphaël s’opposèrent fermement au comportement destructeur de cet homme et ensuite adoptèrent Casey Jones afin qu’il vive désormais dans un environnement sain où il serait aimé et respecté, loin de son père brutal et violent.
Cette scène marquante des Tortues Ninja m’a d’ailleurs fortement rappelé un passage assez ressemblant de “Filles Uniques” avec Chélonia et Céleste… Mais j’en parlerai plus en détail dans mes futures chroniques de cette magnifique BD franco belge 😉 .
On est aussi tout à fait d’accord sur Mr Suga, personnage assez ambigu mais qui en fin de compte s’avère plus sympathique qu’il en a l’air, malgré les magouilles auxquelles il s’adonne.
Natsumi est effectivement haute en couleurs et charismatique et Hina est très touchante.
Les changements climatiques qui frappent la cité sont très impressionnants et de toute beauté, magnifiés par la mise en scène flamboyante de Makoto Shinkai.
Je considère aussi “Les Enfants du Temps” comme l’un des meilleurs films d’animation de Makoto Shinkai ! 🙂
Pour préciser mon message, je dirais que, sans généraliser bien sûr, le “dogme US pro-famille biologique”, termes un peu excessifs, se montre dans beaucoup de longs métrages animés. Je citerais “Hôtel Transylvanie”, “Les Indestructibles I et II”, “Encanto”, “Les Mitchells contre les Machines”, “Les Croods”, “Ruby l’ado Kraken”, et même “Spiderman across the Multiverse”, entre autres titres. Il semble (et ils n’ont peut-être pas tort) que les Américains cherchent à “réconcilier” leurs ados avec leurs parents. Ce qui fonctionnerait peut-être mieux si les ados américains avaient un accès plus difficile aux armes à feu…