Critique de Une Nuit en Enfer
Une Nuit en Enfer (From Dusk Till Dawn)
Réalisation : Robert Rodriguez
Seth (George Clooney) et Richie (Quentin Tarantino) sont deux frères en cavale. L’un est un cambrioleur et tueur l’autre est un psychopathe pervers et violeur qui a aidé son frère aîné à s’évader de prison.
Après être parvenu avec succès à dérober une fortune dans une banque américaine, ils ont décidé de fuir vers le Mexique pour vivre comme des rois.
Mais pour cela, ils vont kidapper Jabob un pasteur et ses enfants Kate et Scott qui les aideront à franchir la frontière avec leur camion…
Une Nuit en Enfer est l’un des premiers films de Robert Rodriguez et dont le scénario a été écrit par Quentin Tarantino.
Ce long métrage a une forte valeur sentimentale pour moi.
En 1997-1998, je devais passer le baccalauréat et, il faut bien le dire, ce fut une année assez dure et éprouvante pour moi : la pression perpétuelle sur mes épaules pour réussir cet examen, le stress permanent, le fait d’avoir travailler d’arrache pied au cours de cette année là m’a causé beaucoup d’inquiétude et de sueur froide.
Après avoir réussi à obtenir le précieux diplôme, j’avais un besoin ardent de voir un film qui m’aiderait à décompresser, me détendre… Et j’ai entraperçu des bandes annonces de cette OFNI (objet filmique non identifié) sur Canal + en juin 1998 qui me tentait bien. Je l’ai enregistré en VOSTFR et je l’ai proposé à ma petite soeur (alors âgée de 12 ans). Tandis que nos parents étaient partis au travail le matin, ma soeur et moi, nous nous sommes confortablement installés dans le canapé du salon et nous avons regardé ce film… que nous avons absolument adoré.
Le long métrage commence tout d’abord comme un Road Movie classique mais avec une bonne dose d’humour noir et des personnages charismatiques.
Seth Gecko a beau être un bandit impitoyable qui n’hésite pas à tuer, celui-ci a un code d’honneur et il accorde beaucoup d’importance à respecter sa parole. Et même si il est conscient que son petit frère est un vrai malade mental, il l’aime de tout son coeur et tient à lui comme à la prunelle de ses yeux.
Jacob (remarquablement interprété par Harvey Keitel) est aussi un personnage très intéressant car, depuis que son épouse a péri dans un tragique accident de voiture, il a perdu la foi et n’aime plus Dieu et Jésus Christ ce qui n’est pas sans inquiéter ses deux enfants. Il personnifiera cependant la voix de la sagesse au sein du groupe et saura raisonner Seth quand celui-ci est à deux doigts de céder à ses pulsions les plus violentes.
Au milieu du récit, notre bande hétéroclite débarque au bar Titty Twitter où Carlos (un chef de gang là pour les aider à leur donner leurs nouveaux papiers) leur a donné rendez vous.
Un lieu à priori idyllique pour nos compagnons d’infortune où des créatures de rêve feront tourner la tête à leurs clients (la pulpeuse Santanico Pendemonium interprétée par l’excellente Salma Hayek en tête) mais qui tournera vite au cauchemar…
Et dès le milieu du long métrage, celui-ci se transforme en film d’horreur gore totalement hallucinant, dingue, brutal, drôle, délirant, sombre et sans concessions où nos héros seront confrontés à des vampires.
Oubliez les vampires distingués et raffinés du film Entretien avec un Vampire : ici les suceurs de sang sont horribles, répugnants, sauvages et bestiaux, ne faisant pas de quartier !
Il s’agit là selon moi du pinacle du film, Rodriguez et Tarantino (qui a écrit le scénario) laissent libre cours à leur fantaisie, leurs délires et leur créativité (pour notre plus grand plaisir).
Et on a aussi de formidables seconds couteaux du cinéma : le génial Tom Savini est parfait en Sex Machine, l’extrêmement charismatique Dany Trejo est impeccable dans le rôle de Razor Charlie le barman vampire et Fred Williamson est excellent dans le rôle de Frost, ancien rescapé de la guerre du Vietnam.
Le suspense est parfaitement maîtrisé, n’importe quel personnage pouvant succomber à tout moment, on s’attache à nos protagonistes et on espère qu’ils vont s’en sortir.
Et tous les comédien(ne)s sont formidables. George Clooney tient là son meilleur rôle au cinéma, il est fabuleux en Seth Gecko, anti héros bien plus nuancé qu’il n’y paraît, loin du gentil docteur Ross glamour de Urgences et Quentin Tarantino est déchaîné dans le rôle de Richie. Juliette Lewis est brillante dans le rôle de Kate et Harvey Keitel est formidable dans le rôle de Jacob.
Une Nuit en Enfer est un film génial, jubilatoire, enthousiasmant, fun, délirant et enthousiasmant sur lequel les ravages du temps n’ont aucune emprise et qui vieillit très bien.
De plus si la VO est fantastique, le doublage français est tout aussi excellent et a bénéficié d’un casting en or: on peut entendre notamment Richard Darbois sur George Clooney, Jean-Philippe Puymartin sur Quentin Tarantino, Bernard Tiphaine sur Harvey Keitel, Laurence Crouzet sur Juliette Lewis ou encore Anne Rondeleux sur Salma Hayek qui doublent magnifiquement bien ces formidables acteurs et actrices. L’adaptation française est également au diapason et nous gratifie de dialogues savoureux.
Un grand classique des années 90 à voir et à revoir sans se lasser !
De plus il y a des anecdotes passionnantes au sujet du tournage du long métrage.
Salma Hayek avait une peur panique des serpents. Elle a longtemps hésité avant d’accepter d’endosser le rôle de la reine des vampires. Elle a suivi une thérapie de deux mois pour guérir de sa phobie avant de jouer dans le film.
Au sujet de l’arme à feu très particulière de Sex Machine pouvait être aperçue dans Desperado du même Robert Rodriguez réalisé l’année d’avant, elle faisait partie de l’arsenal du Mariachi, le héros interprété par Antoni Banderas !
Enfin l’acteur Cheech Marin interprète… trois personnages dans l’histoire ! Le garde-frontière, Chet pussy le rabatteur du Titty Twister et enfin Carlos !